mardi 8 juillet 2025

Maybe Margate, Hello rush. CD (2025)

Tutoyer les cimes et avoir la phobie des hauteurs (le morceau qui ouvre l'album est "scared of heights") : un sacré dilemne. S'appeler Maybe Margate et pratiquer la pop soyeuse en est un autre qui s'ajoute au paradoxe. Si l'on connait un tant soit peu sa culture british on n'ignore pas que la ville balnéaire de Margate a malgré elle joué un rôle important dans l'histoire des teddy boys, des mods, des rockers, des punks, des skinheads, des rockabillies ou des rude boys. Au début des années 1980, Margate était considérée comme une cible potentielle d'émeutes. Le taux de chômage y était comparable à celui du nord, et le malaise régnait dans les rues surtout lorsque les skins débarquaient en masse les jours fériés. 
"Maybe" Margate, tout est dans la nuance.  

Maybe Margate est un duo lillois : Ivan Breton, déjà mentionné sur le blog avec Walter & Lavergne et Olivia Asseman, qui chantent tour à tour en anglais et déroulent avec assurance leurs merveilles de chansons paisibles, intelligentes, en toute quiétude. Loin des affrontements de plages de bourrins d'outre-Manche remplis de bière bon marché et de griefs à deux balles. Ici, jamais un mot plus haut que l'autre même lorsque le rythme s'accélère un peu avec Wild and free par exemple.

Né au printemps, Hello rush que je viens seulement de récupérer physiquement avait le profil tout désigné pour être mon album de l'été. J'ai souvent une tendance naturelle à m'emballer mais voilà clairement mon album de l'été 2025, sans contestation et sans effort. Un modèle d'album indie pop, beau comme un dieu, et une nouvelle production exemplaire du toujours essentiel label brestois Too Good To Be True qui m'a fait découvrir ces Lillois dont Hello rush est le deuxième album. Un disque que j'ai également hâte d'écouter en automne comme en hiver. 
Le premier album du duo, First crackcomposé en 2021, est en écoute sur la page bandcamp du groupe. 

quelle beauté cette jaquette extérieure...


dimanche 6 juillet 2025

France / Angleterre, Carte de visite 7" (1980)

Petite rareté pour le plaisir : le groupe France / Angleterre (pour rester dans le thème) et leur tout premier 45t sorti en 1980 : Carte de visite.
Eric et Bernard forment à Rouen Les Mosquitos dont Thierry (Chambefort) est fan. Bernard quitte le groupe et Thierry qui en a plein les poings (il est boxeur amateur), fourmille aussi de chansons et de riffs de guitare (l'un n'empêche pas l'autre) se joint à Eric (batteur patenté) pour former France / Angleterre. Le duo profite de la bonté naturelle de Dominique Laboubée qui est en train de se faire un nom à Rouen et chapote amicalement l'enregistrement de leur premier single au studio SDH dans la capitale normande par sa seule présence. Le duo mis en confiance par le guitar-dandy déjà un héros pour l'intelligentsia locale nous concocte deux titres phénoménaux sortis de derrière les fagots : Pour un instant et France / Angleterre.  Directs et uppercuts au menton laissant sans réaction un public français habitué aux daubes commerciales de l'époque. Ou de la musique et des textes trop tranchants pour les cordes trop lisses des rings du début des années 80. 
Un petit disque précieux qui en appellera deux autres atypiques et naturellement j'en reparlerai puisque je les ai aussi. Petit mais costaud disait la pub pour je ne sais plus quoi, c'est exactement le sujet. Un 45t qui devrait à mon avis laisser sonnés pour le compte les vrais amateurs de rock français. Pas tant par la puissance mais la précision de ses crochets. Lavilliers le boxeur stéphanois et Le Forestier se prennent une petite droite au passage, pas forcément justifiée mais tous les coups sont permis.


incroyable public d'enfants dépités qui attendaient Chantal Goya 

pochette dépliée


mercredi 2 juillet 2025

The French Defence, We had fun... didn't we ? mini-album CDr (2007)

Acheté en même temps qu' En Français : The French Defence ! 
Un second CDr acquis également à l'aveugle pour son nom intriguant faisant aussi référence à nous autres, les fromages-qui-puent. Certes je me doutais bien que je n'allais pas être confronté à un horrible disque de blues malgré la couleur azure quasi similaire de la jaquette, puisqu'il s'agissait également d'une référence de chez Anorak Records, ce bon label pop de Limoges, et l'achat provenait aussi du même disquaire anglais, Pebble Records. En outre ce CD est sorti... la même année que l'autre beauté (2007). Je vous le donne en mille, le constat est identique : un superbe mini-album intemporel, à écouter sans modération. Celui-ci s'inspire clairement de nos chouchous écossais Belle and Sebastian. Bonne pioche, donc.  

Au chapitre des différences, The French Defence n'est pas américain ni un duo mais un one man band du Yorkshire, de la ville de Leeds pour être précis, répondant au nom d'Owen Lloyd. 
Sur sa page FB, Owen annoncera la fin de l'aventure en août 2014, après dix ans d'existence sous l'alias The French Defence. 
Il en profitera pour sortir dans la foulée trois volumes de Ten years of bad ideas, trois albums de démos, prises, et "détritus divers" comme il les appelle. 
"Mauvaises idées", "détritus"... il ne nous la fera pas à l'envers. Des déchets comme ceux-là j'en redemande, et tout est à prix libre de surcroît...
  

la défense en français dans le texte


samedi 28 juin 2025

V/A, Compilation Reflexes. 2xLP (1985)

Il faudra qu'on m'explique l'intérêt marketing pour un label de sortir une compilation de 45t complets. Un seul titre inédit sur ce double lp sauf erreur de ma part (Paris ma belle de Follie's, et pas hyper fou en plus contrairement à l'annonce), sinon ce double 33t n'offre que les deux faces de singles déjà sortis par Reflexes. Bon c'est pratique c'est sûr, ça évite d'acheter les 45t et le premier disque est vraiment excellent à mon avis. Les Bandits, Ricky Amigos, Corps Caverneux (j'adore Des tas de Brigitte Bardot, je passerai le 45t un de ces quatre), Grise Romance, Ich Libido et Dougherty tirent superbement leur épingle du jeu. Le second skeud est largement un ton en-dessous encore que j'aime beaucoup Fatidic Seconde. 
Il faut croire que finalement j'ai des affinités pour ce label pop variétés qu'était Reflexes malgré mes a priori de pseudo intégriste musical. J'ai encore le mini album des Désaxés à passer, acheté un jour à l'aveugle (trompé par la pochette pour être clair), mais il faut que je le réécoute et que je fasse table rase de mes arrières-pensées. Chaque chose en son temps.



pochette dépliante



flac par email, comme d'hab' maintenant

vendredi 27 juin 2025

Kim, our dolly lady lane in MK land. CD (1996)

Au début de l'année j'avais réécouté cet album de Kim Stanislas Giani qui m'avait emporté une fois de plus comme une bourrasque. Cette ivresse instantanée m'avait fait poster dans la foulée un message sur son Super Pizza Club dont je suis membre, sur FB. 
- Quel album !! Avec ton activité incessante j'imagine que le passé t'importe moins que le présent mais quand même : portes-tu un regard vers ce chef d'oeuvre de temps en temps, Kim ?
Et écoutes-tu tes disques en fait ?

Kim répond toujours mais je ne m'attendais pas à une tirade aussi longue et surtout à l'avoir touché un peu. Comme je réécoutais le disque tout à l'heure, ce moment m'est revenu et après une petite recherche j'ai retrouvé l'échange, qui vaut bien plus que tous les commentaires que je pourrais apporter sur cet album. Je me permets de le retranscrire ici texto, il ne m'en voudra pas car nous sommes entre amis ici je pense. Il n'y avait rien de prémédité et il n'y a rien de secret de toute façon. La magie du direct en différé chère à ce bon Michel Drucker.
 
- Ce message me fait très plaisir. Je ne me rends pas compte du tout de ce que peut faire ressentir cet album ou un autre, comme effet. 
Je n’écoute jamais mes disques une fois qu’ils sont sortis, à part lorsque je dois retrouver une façon de prendre le son, que j’aurais oubliée, ou pour relever un accord que j’aurais oublié. 
Je ne les réécoute pas mais ce n’est pas un rejet, c’est davantage que je n’en ai pas envie. J’aime les fabriquer, mes disques, mais pas les écouter. 
Du coup il m’arrive de les entendre, quand quelqu’un en passe dans une soirée pour me faire un clin d’oeil, et de ne pas reconnaître ce que j’entends. 
Pour "our dolly lady lane…." je trouve des choses à redire mais je n’en parle pas car ça m’est très personnel et je ne veux pas gâcher l’ambiance avec mes remarques. 
Et puis j’ai envie de garder secret mes zones d’incertitudes, mes défis, mes envies de progrès.
Mais vraiment ça me touche que tu dises ça. 

J’ai une anecdote sur ce disque: il devait être mon second en solo sous mon nom, et non pas mon deuxième. J’avais d’abord contacté le label Karina Square avec qui j’ai accroché et à qui j’avais envoyé un album inachevé et relativement kraut mais je l’ai laissé de coté ( je l’ai fini plus tard, il s’appelle "Record clown"). Bref en 1995 le label Karina Square me propose de venir dans leur home studio en été 1995 pour enregistrer mon album. Mais entre temps le label Paperplane me propose aussi un album sur les bases des cassettes que j’envoyais en 1994 à des labels. Et puis un troisième label me propose un album aussi. J’ai dit oui à tout. 
Mon album pour Paperplane était donc prêt à sortir pour 1995, mais le catalogue du label a pris du retard. Karina Square pensait donc que nous allions enregistrer ensemble mon deuxième album à sortir pour mars 1996. Puis le troisième label a qui j’avais proposé mes chansons les plus folk et déprimantes m’a laissé doucement tomber. L’album prévu est resté dans un carton. 
Pendant ce temps j’ai donc enregistré mon deuxième album "our dolly.." pour Karina Square. Mon premier album, lui "electro mk… " a été déplacé à 1996 aussi. 
Mais finalement "our dolly… " est sorti en juillet 96 chez Karina Square en premier. Puis "electro.." en second album en septembre 96. 
L’inverse de ce que j’aurais souhaité. Des gens m’ont dit « on sent que ton deuxième album est plus maitrisé ». Amusant , car c’est l’inverse.
Quant au troisième qui est resté dans un carton, je l’ai sorti en cd pour quelques abonnés à mon patreon l’an dernier. 
Voila, à propos de la chronologie des sorties qui parfois foire totalement."

Un grand merci pour toutes ces confidences qui m'avaient à mon tour extrêmement touché (ées ? j'ai un doute soudain et pas la tête à y réfléchir, comptons sur le mec qui m'avait corrigé un jour, c'est le moment de ressortir du bois, chef). Tiens, en parlant d'exit je devrais peut-être penser à me sortir les doigts et réaliser des petits entretiens pour le blog d'autant qu'il y a certains musiciens avec qui je me sens en totale confiance et avec qui j'ai noué une chouette amitié. Affaire à suivre, ou pas. 

Le premier album, Melodin sane je l'ai en vinyle et je l'avais aussi passé sur Haar brut pour ceux qui l'ont zappé. Et d'autres disques de Kim d'ailleurs. 

Pretty sweet lady lane en final de cet album est d'une beauté absolue. L'apothéose.





jeudi 26 juin 2025

En Français, S/T mini-album CDr (2007)

Petite entorse à la soit-disant ligne éditoriale franco-française de ce blog : En Français est... américain et ça vous la coupe. Ouch ! 
Des gentils. Il ne peut en être autrement avec ce CDr sorti chez Anorak Records le mythique label limougeaud de Fabien Garcia (Caramel, vous vous souvenez ?). Ouf, on reste en France. 
J'avais acheté ce disque chez Pebble Records qui continue de distiller les perles indie pop malgré la fermeture de son magasin d'Eastbourne dans l'East Sussex en 2020. Il vendait beaucoup de disques français, notamment d'Anorak. J'ai toujours des échanges chaleureux avec Michael Kearton le guv'nor de Pebbles Records désormais uniquement en ligne. Disquaire spécialiste indie pop lo-fi par excellence. 
CD acquis complètement au pif à cause du nom du groupe et bien sûr parce qu'il était sorti chez Anorak Records. Quelle jolie trouvaille cette petite beauté qui devrait ravir les amateurs. 
Par contre aucune info sur Scott Ferguson (guitares, voix, clavier) et Dean Fitzgerald (batterie, basse, guitares, voix, claviers) sinon qu'avec des blases pareils ils sont forcément de la famille. 
Every last chance est un sacré petit bijou.

sublimissime pochette de graviers dans le goudron. La voie, quoi.



(not my pic, by the way)