Chiatiks, On en a bavé EP 7" (1999)

Finissons juin et envoyons la sauce ce vendredi avec encore un nom qui annonce la couleur: Chiatiks, un groupe de Meaux avec cet enregistrement qui date de novembre 98, sorti par Crânes Blasés dont c'était la seconde production. 

J'avais découvert ce groupe et ce disque sur l'excellent blog désormais moribond depuis 10 ans La Cantatrice Chauve et j'en profite pour saluer bien bas ce toujours aussi cordial divin chauve. 

Il y a quelques années j'avais ronflé dans la même pièce que sa collection de 45t tapis à l'abri des regards dans des tiroirs, j'en tremble encore d'émoi rien qu'en pensant à certaines raretés que j'ai eues en main (et reposées !). De sacrées "pièces" pour reprendre le jargon des collectionneurs patentés, que je ne suis pas. Car je les fous sur la platine moi, et ils tournent les skeuds !

Bon, il donne envie de tout envoyer en l'air cet EP lorsque les morceaux s'accélèrent, a fortiori avec un temps de merde pareil. Il tombe des cordes ici, ça va pogoter dans les chaumières. 

Trois titres: une chanson d'amour (de la bière, faut pas déconner), la baston (normal ils sont bourrés) et au final "skinheads punks unité !" dans Union force 2 qui a la particularité et la finesse de nous offrir un magnifique sax complètement libéré enfilant comme des perles des suites de notes improbables et qui fait littéralement passer le morceau dans une dimension au-dessus. J'adore. Le nom du saxophoniste aurait mérité une ligne sur la pochette, mais non. Et que dire de cette trouvaille de refrain Ein Volk ein Bier Heineken !... 

Un 45t bien dans l'esprit punk oi! des années 80. 

référence à "The boots go marching in" (1991) de Condemned 84 ?

Les R.F.C. , 14 titres dédiés à tous les Manutentionnaires (1983) (2014)

Lorsqu'on voit un bombage RFC sur un mur en Ecosse on pense forcément Rangers FC, mais ici il s'agit... des Résidus de Fausses Couches ! Ce qui, l'un dans l'autre, va comme un gant aux huns de Glasgow. CQFD.
Les Résidus de Fausses Couches sont un groupe punk de Massy qui après s'être appelé Les Sexes Mongols, puis Les Rats Scabies a finalement opté pour ce blase en 1981, un nom qui annonce des textes en grande pompe on n'en doute pas une seconde. Grandes pompes dans le cul évidemment. Les cibles principales : le fric, l'école, la religion, la société, les maladies vénériennes, les thèmes classiques des années 80, même s'il manque la police et l'armée finalement. Le tout à la sauce DIY avec technique frustre et rage explosive, il n'en fallait pas plus pour me séduire. La pochette résume mon propos: elle est moche comme un punk à chien, mais elle t'emmerde et t'explose dans la gueule.

Un petit historique est imprimé sur la pochette intérieure et on constate que la durée de vie du groupe malgré les changements de personnel souvent inévitables fut conséquente: 1977-1996 !
La K7 d'origine de 1983 "7 titres dédiés à tous les Manutentionnaires" tournait déjà et avait été partagée en 2009 sur Keponteam donc le contenu de la face A ne fut pas une découverte lorsque Mémoire Neuve l'a sortie en disque vinyle en 2014. La face B est plus rare: un live qui met le feu à feu Le Cithéa (rue Oberkampf, Paris 11e) en 84, et qui booste bien le disque. Le son en général est moyen mais l'énergie est carrément là et déborde même ! Encore un beau témoignage surprise du label qui est toujours en pause indéfinie...

K7 originale

extrait de "Gratte-toi le cul t'auras des verrues" n°5 (1984) pour les amis de la poésie

 

Dog Shop, Guiding star (1995)

Premier album de Dog Shop, ce groupe de Saintes que j'aime bien et c'est d'ailleurs le quatrième disque d'eux que je poste. Pour peu que la noisy pop soit votre tasse de thé ce disque coule de source, limpide dans la saturation, des mélodies toujours sur les traces de Dinosaur Jr. et dans la veine de leurs autres productions. On retrouve Scottish et Sister, deux titres qui figurent sur les 45t. 

Le LP à été tiré à 220 exemplaires seulement et le groupe offre sur l'insert un morceau de bande découpée contenant un de leur larsen ! Idée qui ne sert à rien mais super originale, non ?

Pour l'anecdote, le disque vinyle pèse assez lourd, tellement que je l'avais pesé et noté : 220g ! Par comparaison le 2ème album n'en pèse que 140 ce qui est le poids normal du 33t de base.

L'album vinyle est sorti chez Total Heaven, et en cd peu après chez Vicious Circle.

Cosmos... 1995

le larsen scotché juste au-dessus !

Les Bandits, Barbe bleue/Toutes les nuits 7" (1984)

Les Bandits est un groupe de Nice que l'on a déjà croisé sur Haar brut dans deux compilations de 1984 : Weekend à Nice et Best-of.
Le groupe est formé en juillet 1982 par le couple Christine Lidon et Bernard Segard (ex Dentist). Ils recrutent Thierry Niro (batterie) et Jean-Marc Mannucci (guitare), font beaucoup de concert dans le sud de la France puis sortent un 45t auto-produit en 83 dont le titre Barbe-bleue est réenregistré en 1984 dans ce 45t sorti par le label Réflexe, mais avec cette fois Patrick Giordano qui a remplacé Bernard à la guitare. Jean-Marc a aussi disparu du line-up suite à des tensions. 

Le groupe vit alors à Paris et le disque joué en trio leur permet de prendre un peu de notoriété au niveau national mais de suite chez le label il n'y aura pas : ils enregistrent bien un deuxième simple mais au moment du mixage c'est la prise de tête entre le patron du label Patrice Fabien qui veut un son new wave et le groupe qui souhaite un son plus dur. Le disque ne sortira donc jamais, pas plus qu'un mini-album live au Rose Bonbon qui était un peu la marque de fabrique de Reflexes, tout simplement parce que Les Bandits reconnaitront eux-mêmes en juin 85 dans le fanzine Les Rockers ont-ils des couilles ? que leur performance au Rose Bonbon était trop mauvaise pour être gravée dans le vinyle.
Christine Lidon se démarque du groupe et inévitablement suivra une petite carrière solo. Les Bandits cesseront alors d'exister.

le tigre emblématique du label Reflexes.

Sleek, EP 7" (1997)

Tout le monde peut se tromper. J'ai acheté ce disque parce que je l'ai trouvé en Angleterre, que je connaissais le label Plastic Pancake basé à Montauban et qu'il s'agit d'un groupe français. La belle couleur verte du disque n'est pas non plus étranger à cet achat tout comme la somme dérisoire que j'ai déboursée pour ce disque. Je ne pouvais pas imaginer un seul instant que je serais à deux doigts de balancer ce skeud par la fenêtre. Il ne doit son salut qu'à cette superbe couleur verte.
Comme je suis partageur et que souvent ce qui m'irrite trouve grâce aux oreilles d'autres, voici à peu près 12'30 de supplice ou l'exemple parfait d'un chant insupportable. En français mais aussi en anglais attention, car on ne sait pas quelle mouche les pique mais parfois au milieu d'un morceau ils se mettent tout à coup à s'essayer à la langue de Shakespeare.
J'ignore ce qu'ils mettent dans leurs biberons à Rodez mais j'ose espérer que la vie là-bas est plus gaie que ces deux faces, parce qu'ils ont l'air de beaucoup souffrir dans ces trois chansons, donc je ne tirerai pas davantage sur l'ambulance. Au contraire je vous proposerai une revanche car on a tout à fait le droit de rater un match et l'album cd viendra bientôt puisque je l'ai aussi ! J'aime donner des secondes chances, surtout lorsqu'elles offrent le spectacle d'une belle pochette. 

on va vite comprendre pourquoi elle tire la gueule, la gamine

insert 

sans un bruit ? si seulement...

Reich Orgasm, S/T (1984)

Les groupes Chaos font partie de mes nombreuses madeleines de Proust et Reich Orgasm n'échappe donc pas à la règle. Découverts avec Salope, adorés avec Juin 40 et vénérés avec Supporters, une triplette de titres à contreverse, Reich Orgasm a tourné a fond dans ma chambre d'ado à la plus grande consternation de mon père qui écoutait Brassens et qui reste une sacrée encyclopédie du jazz. Je récupèrerai sa collection un jour et le plus tard le mieux.
Reich Orgasm d'Orléans s'est formé en 1978 grâce à Eric Mazout (basse) qui partira après les premiers enregistrements pour Apocalypse Chaos remplacé par le moustachu Fabien Sascon, José Andréas (chant), Hervé Vanden (batterie et co-fondateur de Chaos Productions) et Patrice Riff (guitare). Je ne vais pas réécrire l'histoire en expliquant l'origine du nom, vous chercherez vous-même, ce n'est qu'un blog lambda ici après tout comme certains le pensent. Il n'empêche, va expliquer à tes potes de foot dans le vestiaire que t'écoutes un groupe qui s'appelle Reich Orgasm, pas simple. Non non je ne suis ni facho ni pervers. Le milieu des années 80 c'est un changement radical sur la zone et chez les marginaux. Pas mal se tondent le scalp et se découvrent des crampes dans le bras droit et Chaos Productions leur offre un champ d'action par sa musique musclée et rebelle, et parfois des textes sujets à double-interprétation dans lesquel les plus blaireaux s'engouffrent puisque ce sont des blaireaux. Reich Orgasm dira stop. Un bienfait clameront certains, pas moi. Bon, en même temps en 2007 ils ont sorti un titre super classieux du diable vauvert, bien digne d'eux, Sodomie. Indécrottables. 

Je posterai le disque d'Euthanasie avec démos et cette reprise superbe de Claude "Cloclo" François un de ces 4.

Ma fiancée qui est un des morceaux punk français que je place très haut dans ma hiérarchie reçoit dans ce lp un lifting qui m'avait déçu à l'époque, mais qui à la longue a fini par passer. Quand t'es fidèle, t'es fidèle. 

la finesse en image

Kid Loco, A grand love story (1997)

Lorsque ta femme organise une petite sauterie à domicile et qu'un des invités vient te voir en te demandant "What's this ? Who's playing ?" et que visiblement le son lui plait bien, ça fait toujours plaisir de constater qu'il y en a au moins un qui suit et qui s'intéresse au principal, la musique. Musique d'ambiance, downtempo certes, mais qui m'a permis de briller hier soir et surtout de placer The Brigades dans une soirée mondaine. Et ça c'est pas donné à tout le monde. 
Car oui, Kid Loco c'est Kid Bravo, Jean-Yves Prieur le gratteux des premiers disques des Brigades ! Ce qui vous la coupe hein, et ce qui me permet une transition fastoche, de placer un album de trip hop monumental sorti en 97 et qui n'a pas pris une ride. L'album révélateur de Kid Loco, un Classique avec un grand C. 

Si en plus je confirme que oui la minette qui chante à ce moment là sur Love me sweet est bien Katrina Mitchell des Pastels le groupe mythique de Glasgow, le bon tour est joué et l'Auld Alliance peut continuer de rayonner comme jamais dans mon foyer. Et clairement le gars s'y connait en musique, comme souvent en Ecosse d'ailleurs. Il ne reste plus qu'à déboucher une seconde bonne boutanche de pif et se relaxer car la nuit va être longue. 

Et ce qui est top avec cet album c'est que le lendemain un peu grisé, la réécoute est carrément tranquillos. Et hop on va se déboucher une petite bouteille de rouge pour le hair of the dog qui va de soi. 

Le dernier morceau est pour C. que je connais depuis 1997 justement et qui continue de me supporter contre vents et marées. 

The Brigades, Bombs 'n Blood 'n Capital (1983)

Le premier album des Parisiens The Brigades qui est un mini-lp et qui a 40 ans ! Le nom du groupe est volontairement choisi pour le côté combatif mais aussi international. De fait, les paroles sont en anglais mais sont traduites en français sur l'insert. Très influencé par The Clash (le titre Give 'em enough pope ne souffre d'aucune ambiguïté) le groupe joue du punk-reggae et affiche clairement son côté politique et social. Le disque est sorti sur leur propre label Rock Radicals Records. 

Behind the scenes et Version sont enchainés donc j'ai d'abord découpé les pistes et puis je trouvais dommage de séparer les deux donc j'ai ajouté une piste avec la version dub en continu sur la playlist.

A l'époque, la petite copine du guitariste du groupe Jean-Yves "Kid Bravo"Prieur est une certaine Lydie Barbarian*. Elle animait une émission de radio avec Vlad, futur chanteur des Brigades et avait aussi un pote, Philippe Baïa, qui faisait des deals en musique et qui était tombé sous le charme des Brigades. Le groupe avait sorti son premier 45t et Philippe avait proposé à Jean-Yves de participer financièrement et donc de participer à la production s'ils décidaient de faire de nouveaux disques. Lorsque les Brigades se lancent dans Bombs 'n Blood 'n Capital, ils sont évidemment courts en oseille et Jean-Yves se rappelle alors sa discussion avec Philippe, qui dit banco ! 

Le mini-album est réalisé, puis un deuxième single (Janis would say) et le label Rock Radical Records fait ses débuts. 

Je vous invite aussi à lire l'entretien de Vlad sur Nyark nyark.

* future fameuse journaliste et rock critique à Libé.
 

top pochette combative (existe aussi en bleu). la lutte continue 1983-2023

pleure pas mon ptit gars, c'est toujours la même merde en 2023

Interim, Vu à la télé (1991)

Non. Absolument jamais vu à la télé ni entendu à la radio ni lu dans un magazine. 

Uniquement vu il y a 2-3 ans dans une charity shop à Portobello (le village nordiste d'Edimbourg, pas le quartier londonien). Le titre en français m'a interloqué et j'ai vu ensuite que c'était le label V.I.S.A. qui l'avait sorti et que le prix était de... £1, donc j'ai pécho complètement au pif. 

Sur Discogs je vois aujourd'hui qu'il est en vente entre 29 et 39 euros, n'importe quoi. 

Personnellement je n'accroche pas du tout mais ça plaira peut-être à quelqu'un(e) et ça évitera de raquer une somme aussi ridicule pour une musique aussi peu facile d'accès (V.I.S.A., quoi !). 

Comme le titre l'interview postée plus bas: musique inclassable, mélange de jazz, d'industriel, de rap et de variétés. 

nope, never 

fanzine On a Faim! n°16 (1991)