Beginning blue sera donc leur seul disque sur le label nantais de Vincent Chauvier. Candle avaient également été contacté par Alan Gac de Rosebud au même moment que Lithium mais ils choisirent ce dernier qu'ils estimaient plus en phase avec leur musique. Le groupe passa 5 jours dans un studio 24-pistes (le Studio Madeleine) pour enregistrer cet EP avec la liberté de choisir leurs morceaux. Les problèmes avec Lithium commencèrent peut-être avec la pochette choisie par le label qui déplut au groupe ainsi que la promotion du disque. Une nouvelle orientation musicale, des désaccords sur l'album à venir et vraisemblablement aussi des égos peu conciliants de chaque côté aura eu raison de cette collaboration éphémère mais réussie avec ce brillant EP.
Beginning blue est donc la seule trace de Candle sur Lithium mais quelle belle rareté. Difficile d'exister lorsqu'on est un groupe français évoluant dans le shoegaze (même s'ils s'en défendaient à en lire les interviews), car il s'agissait du terrain de chasse des groupes anglais principalement. Pourtant le New Musical Express (NME) leur accordera une bonne chronique dans leur rubrique consacrée aux Singles. Arnaud Viviant lui les descendra sur France Inter lorsque Bernard Lenoir diffusera le pourtant phénoménal No eyes qui ouvre le disque. Il met plusieurs secondes à émerger mais lorsque le son parvient enfin dans les enceintes, c'est pour décoller directement vers la stratosphère. Un vrai morceau d'anthologie. Il fallait vraiment être blasé ou avoir les esgourdes pleines de cire pour ne pas l'apprécier à sa juste valeur et se fondre dans son atmosphère sonique et vaporeuse. Le disque sera bien accueilli par ailleurs, dans les zines Charivari, Hyacinth ou Ritual par exemple.
Les autres titres de l'EP suivent le même chemin noisy, avec des structures moins fluides et des guitares un peu torturées (Beginning blue notamment), ambiance planante et voix en apesanteur sur Burning blind et un final épatant qui remet du rythme et tout le monde en... Harmony. Julien et Isabelle jouent tous les instruments avec un talent indéniable. J'aime beaucoup le jeu de batterie qui permet à l'EP de rester les pieds sur terre.
La version uncut de l'EP est dispo sur la page bandcamp de Candle/Carmine, ainsi qu'un enregistrement en concert à Orsay en 1992.
Sources : le blog de Karina Square et l'ouvrage indispensable Les années Lithium (Langue pendue n°11) de Renaud Sachet.
vrai qu'on a vu mieux qu'une espèce d'algue sur une pochette de chez Lithium...
Chari Vari ! n°1 (janvier 1993)