Piero, Malséance. CD maxi 6 titres. (1999)

Deuxième sortie de feu le label Labellule, en décembre 1999, le premier EP de Piero, découvert sur la compilation Ici Rennes via Nantes publiée par les Rennais quelques mois auparavant. 

La musique de Yann Savel a été, avec la scène Lo-Fi américaine, une véritable révélation pour Piero. Il a d'ailleurs partagé plusieurs fois l'affiche avec Yann à cette époque. On sent bien les influences sur ce très bel EP qui dépeint le quotidien simplement, mais avec talent et inventivité, l'ajout d'un sample de sax de John Coltrane par exemple ou d'instruments à vent qui soufflent sur les petites braises de ces compos brûlantes. Les mélodies graciles, enjouées ou sombres, sont construites autour de la guitare et de la voix fluette de Piero qui joue avec les mots, la langue française mais aussi anglaise avec brio. Une impulsion électrique nous fait parfois sursauter, tout comme ce délire progressif inattendu en clôture de ce CD maxi que je recommande chaudement. 

Assurément pour moi, un disque parfait de dimanche pluvieux d'automne comme aujourd'hui. Le maxi a été enregistré avec Matthieu Saladin, co-fondateur de Labellule, qui joue aussi de la clarinette et qui s'est occupé des arrangements et des samples. (On le retrouvera l'année suivante sur le second album de Yann Savel, Notes - personnes. Et Piero me souffle dans l'oreillette que s'il s'est indéniablement inspiré de Yann sur le style et parfois la diction, ce dernier s'est quant à lui inspiré de leurs arrangements free jazz pour son second album. Un une-deux parfait, quoi. 

Les retours dans la presse indépendante furent très bons et je vous invite à en prendre connaissance sur ce qui était le blog de Labellule.

Piero a ensuite sorti un autre EP, Démissionnaire, que je présenterai plus tard, et surtout a fondé en 2004 son propre label Super Apes. Il continue aussi de jouer dans son groupe punk garage Jorge Bernstein & The Pioupioufuckers. Peter Woodwind, c'est lui.  

très belle jaquette. l'imagerie du vélo toujours classe

Les Teckels, Ouah ouah music for working class !! Maxi 45t (1999)

Tiens, j'ai connu deux teckels dans ma famille. Le frère de ma mère a eu Virgule, qui était toute gentille, belle et chétive mais redoutable chasseresse en campagne et impossible d'approcher son os sans se faire découper la main. Le frère de mon père avait Sidonie, une affectueuse belle saucisse, une bonne pâte de chien, pas méchante pour deux sous. Les Teckels se situent entre les deux: musique oi! old school carrée et sèche, mais jouée pour le fun dans la désinvolture la plus complète. Ils jouent sérieusement sans s'y croire du tout, ils envoient la sauce et elle est savoureuse.

 

Les Teckels se sont formés à Paris au jour de l'an 1997: Iwan Lozac'h le bassiste et le batteur Marc Adolphe (qui ont ouvert le disquaire Born Bad à l'époque - rien à voir avec le label par ailleurs), Emmanuel  Blévarque à la gratte et l'aboyeur de service Fabrice Gilbert. Ils sont une bonne bande de potes qui jouent déjà tous dans des groupes (Flathead, The No-Talents, Steve and the Jerks).  
Fin 90, ils trouvent que la oi! manque singulièrement de fun et ils vont y remédier. 
Ils enregistrent en loucedé la nuit lorsque les boss des studios ne sont pas là en picolant comme des arsouilles. 

Ouah ouah music a été enregistré en deux fois par Nicolas "Nicus" Duteil, guitariste de Warum Joe. Le premier jet ne leur plaisait pas et ils ont ajouté des vocaux au cours du second. Pour déconner pendant les répétitions certains suggèrent de jouer telle ou telle reprise et ils s'y collent tellement à fond que nous sommes gratifiés dans ce skeud d'une super reprise de Warrior Kids, Adolescent, un de mes morceaux de oi! préférés et la première raison pour laquelle j'avais acheté la galette. Teckel boys est carrément une prodigieuse adaptation sans collier du mythique Ulster boy de Sham 69. Je reviendrai sur ce groupe car je dois avoir tous leurs 45t. 
Les Teckels arrêteront en mai 2002, histoire de passer à autre chose. Après avoir réalisé son premier rêve d'être dans un groupe de oi! à la cockney Fabrice Gilbert démarrera Frustration pour valider le second, monter un groupe post punk cold wave. Marc et Manu le suivront. Iwan montera Opération S et d'autres groupes par la suite. 

Trève de bavardage, place à la zik. Amateurs de Joe Cocker, Bulldog, Dobermann etc, passez votre chemin, voici les Teckels. Ouah ! Ouah !

ps: et thanks pascal arcade pour cet entretien de Fabrice Gilbert vraiment top effectivement.

j'adore ces X - on en reparlera...

bleu, mais il dégage bien ce petit tableau

couverture du livret. Les Coquenais rejettent

Les Stagiaires, Le cowboy de la Taïga. Airport. 45t (1982)

Les Stagiaires étaient surtout réputés pour leurs concerts, plus de 400 selon leur manager Papa Pelegry. Avec leurs morceaux aux rythmes enlevés et aux textes gorgés d'humour leur capital sympathie auprès de l'assistance était assez conséquent en effet. Ils firent même une traversée de Paris sur un camion avec un groupe électrogène, en essayant de jouer devant la Tour Eiffel, Beaubourg, sans vraiment trop y parvenir à chaque fois perturbés par l'arrivée de la maréchaussée. Ils finiront par jouer devant le local du fanzine GIG, puis à la Maison de la Radio où ils seront interviewés par Patrice Blanc-Francard.

Les Stagiaires ont également sorti une K7 13t que je n'ai pas donc si une bonne âme l'a et lit ce petit billet... merci d'avance de la diffuser svp. Pas de date pour cette cassette mais je dirais 1981, avant ce single ? Ils étaient alors composés de Luc Soubielle (basse), Benoit Dartigues (batterie), Pierre Castaing (guitare, synthé), Olivier Loyant (guitare, saxo) et le chanteur charismatique Didier Mauroux qui écrit les textes décalés relatant ses exploits ou ceux de Jennifer, ou du "garçon super" Charles-Hubert. C'est peut-être aussi la compo du groupe pour ce 45t mais ce n'est pas non plus précisé sur la pochette. 

Le line-up de leur unique album est un peu différent, je vous invite à vous le repasser joyeusement sur Haar brut puisque je l'ai posté l'année dernière. Top album*

Le sens premier de leur musique n'est-il pas de s'amuser ? Ils se sont rencontrés au cours de ce truc de bourges à la con appelé bizutage en école de commerce (pouah) et se sont trouvés cette passion commune, jouer de la zik presque populaire (ouf).

A leurs débuts ils jouaient du punk et s'appelaient les Valstar Lovers ! (lol). (En Ecosse on a le Buckfast, la boisson du prolo. C'est pas de la bière mais l'idée est la même...).

* j'en ai même profité pour rafraîchir tous les visuels puisque je me suis amélioré depuis. (enfin, je pense).

mais oui, c'est l'affreux J.R.

article (saucissonné à ma sauce, c'est à dire à l'ancienne) du zine GIG n°6 du 22 mai 1981, signé Jacques Bruno

V/A, Ici Rennes via Nantes. Livre + CD (1999)

Magnifique ouvrage qui rassemble dix artistes ou groupes rennais et nantais : Fanch', Rootsecour, Piero, Mascara Glam et Dae Mires pour Rennes. Savel, Médéric*, La Sainte Famille, Manson, et River pour Nantes. 

Il s'agit de la première référence du label rennais joliment nommé Labellule ! 

Le projet était ambitieux et extrêmement bien réalisé sous la forme d'un cd accompagné d'un petit livret illustré very arty, préfacé par Gérôme Guibert (de Crash). 

Les deux capitales bretonnes offrent ici un échantillon de leurs plus beaux jeunes joyaux musicaux à l'éthique indépendante, avec des morceaux chantés exclusivement en... français !

La part belle est donnée à la guitare, à la pop sans artifices, diversifiée par un reggae inattendu ou de la musique festive, le tout étant servi par des textes toujours léchés, parfois sensibles parfois rigolos. 

Au-delà de la musique, chaque artiste ou groupe offre dans le livret une autre facette de son vaste talent via le dessin, la peinture ou l'écriture. Un objet vraiment cool donc.

  

Labellule malheureusement fut une maison de disque éphémère (1999-2000) et n'offrira au total que 4 références. Les fondateurs du label ont remis le stock invendu au label SuperApes et franchement il faudrait vraiment être con de passer à côté de ces petites gâteries à 2 euros minimum. Oui, j'ai bien dit 2 euros. D'ailleurs je vais en recommander, cela fera d'excellents cadeaux bonus pour Noël. The gift of music, il n'y a rien de mieux. 

*Médéric est le projet solo de Martin San July Gracineau

première et dernière page de couv' du livret

intro

Les Innocents, Pamela/Strictement privé 7" (1985)

Premier 45t d'un groupe que je ne présenterai pas, Les Innocents, sorti en 1985 avant qu'ils ne se fassent vraiment connaitre deux ans plus tard et décollent grâce à leur single Jodie qui fera les beaux jours du Top 50. 

Même si j'ai eu de l'affection pour cette Jodie, mon snobisme intégriste de l'époque me les fera reléguer dans la case commerciale et je ne m'y intéresserai plus de sitôt. Je ne les redécouvrirai pour ainsi dire qu'au mitan des années 2000 avec pour ma part un meilleur état d'esprit, plus ouvert dirons-nous, encore que. 

Pamela en revanche m'avait séduite tout de suite avec son côté bravache et déluré. Le gimmick "OuahpapaPamela" entêtant au possible, une soeur rock auto-produite sortie chez Popeye Records de la Pamela Popo de Gainsbourg en quelque sorte... Raccourci complètement gratuit, mais retour de vacances, toussa... 

Tommy Hools, Premiers mouvements 12" (1998)

Petit retour sur les mods électro de Tommy Hools avec leur 2ème maxi paradoxalement appelé Premiers mouvements. Cette musique downtempo ne suscite depuis le début de sa parution sur Haar brut que peu de réactions d'ordinaire mais dans mon univers virtuel parallèle au temple-lien elle est écoutée à sa juste mesure semble t-il. Et je suis fan de Tommy Hools donc je n'en ai cure hehe.

Au départ Nicolas Druel, Laurent Bidoli et Vincent Tarrière, le trio qui se cache derrière ce blase, eurent d'abord l'idée de lancer une marque de vêtement Tommy Hools qui finalement s'est transformée en confection et bricolages de mixes et de samples*, pour donner dans le trip-hop, le hip hop, la soul, la lounge, l'électronique, le nu jazz et l'indie, tout ça, oui ! Ils se sont rencontrés dans le milieu du rock alternatif et de l'ultra gauche mais leur esprit musical étant bien loin de ce qui s'écoutait alors dans ce milieu, c'est au retour de Vincent d'un long séjour à New-York que la décision de monter un groupe plutôt qu'une ligne de vêtement est prise. N'étant pas hyper doués pour les instruments ils se sont collés derrière des machines et ont bricolé. Ce second maxi donne aussi peu d'informations que les autres, rien sur les pochettes et le petit mystère qui entourait Tommy Hools restait entier. La sortie de leur premier album les mettra plus en lumière et un article des Inrocks éclairera nos lanternes. J'en reparlerai. A noter que Bassmati fera un très bon remix du morceau Les réprouvés. 

*on reconnait les 4-Skins dans Subjectif warrior / part 1 (street version) notamment

visuel simple mais classe comme toujours

Trotskids, Maxi 45t 6t (1984)

Il est des disques qui me sont plus précieux que d'autres et les disques Chaos font partie de ceux-là. Même ce maxi des Trotskids, aux textes gras, voire très gras, mais après avoir adoré leur titre Gueule d'enfer sur la compil Chaos vol 1, découvrir un mini-album, des nouveaux morceaux aussi punchy que Je sens mauvais et Je ne veux pas être bronzé m'avait conquis pour de bon. Ce sont les deux meilleurs morceaux de ce maxi 45t de très loin. Je me souviens très bien les faire découvrir en vacances à ma tante et mes cousines, qui sont vite devenues blêmes évidemment ! Mais qu'est-ce que c'est que ces beaufs ? Les groupes Chaos sont réputés pour leurs gauloiseries et la gaudriole peu fines, et les kids qui trottent en sont le fleuron qui fout les pieds dans le plat et finit l'assiette ensuite. Etre punk avec 15 canettes dans le cornet c'est rarement synonyme de bienséance et il faut bien remplir l'estomac.

 
Trotskids est un groupe rennais formé en 1982 autour des deux frères Septier, Doumé au chant et Felipe à la batterie plus Ruff à la basse et Yvan à la guitare. Ils déménagent à Paris pour y bosser, sauf Yvan qui reste à Rennes et est remplacé par Oliv. Ce qui donnera le line-up du meilleur de Trotskids connu sur vinyle, à savoir les deux morceaux des compils Chaos et ce maxi. 

Le deuxième album sur Terminal Records je l'avais acheté aussi mais je n'ai jamais vraiment accroché. Je le posterai quand même histoire d'être complet. 

insert d'origine

j'ai aussi le repress en jaune de Do or Die Records avec 2 titres bonus que j'ai mis ici

Les Thugs, Chess & crimes / Sunday time 7" (1989)

Pas facile d'attendre un rendez-vous comme ce soir. C'est long, étouffant.  

Les Thugs, un morceau qui s'appelle Sunday time, facile pour un dimanche. Un morceau, je devrais dire une cavalerie incessante, exactement ce qu'on attend ce soir. La Charge héroïque, Le massacre de Fort Apache, Pendez-les haut et court, on s'en fout des moyens tant qu'on a le résultat. 

Chess & crimes date en fait de 1987 et est sorti à l'origine sur Electric troubles. Sunday time est encore plus vieux et apparait en face B du single Radical history de 1986. Mais le label de Seattle Sub Pop a signé les Thugs et met sous licence que j'enfreins allègrement les deux titres dans ce 45t sorti à 1500 exemplaires dans le cadre de leur Sub Pop Singles Club Vol.1, une souscription mensuelle. 

Le label américain a remarqué Les Thugs à Berlin au festival Independence days alors qu'ils ne se font plus aucune illusion sur la qualité des groupes européens présents. Jonathan Poneman raconte (source wikipedia) : "Je prenais mon pied à constater que la plupart des groupes européens qui jouaient ici étaient abominables. Pour voir jusqu'à quel point ça pouvait être horrible, je suis allé jeter un œil à un groupe français, histoire de rire. Ce groupe, c'était les Thugs, et ils n'ont pas été longs à me botter le cul." 

Un bottage de culs, exactement ce qu'on espère ce soir. Allez les filles! chantaient triomphalement les Thugs. Allez les Bleus !  

edit: encore une de ratée, verrai-je un jour la France gagner la Coupe du Monde de Rugby ? Tout est encore possible je ne suis pas si vieux que ça mais ce soir c'est morne plaine.

quelle tof ! les frères à fond la caisse

EV, Skorn (1987)

Dans le cabinet des curiosités j'appelle Etre Vroadel, qui veut dire "International" en Breton, mais plus connu (ou pas) sous le patronyme d'EV. Groupe celto-finlandais de Nantes, ça ne s'invente pas. Des membres du groupe fondé en 1981 ont en effet des origines finlandaises (Harri et Jari) les deux autres sont Bretons (Gweltaz et Sylvain) et ils chantent dans cette langue finalement peu entendue, mais aussi en Breton et en Français. J'ai eu une collègue finlandaise pendant quelques années, une petite blonde aux yeux verts et aux pommettes rondes avec un nom de famille imprononçable tout à fait charmante.
Ce qui m'a décidé à acquérir ce mini-album outre sa jolie découverte dans un certain "ancien univers parallèle" d'un illustre lecteur que je remercie, c'est la trouvaille d'une vidéo sur youtube avec une version à domicile fantastiquement dépouillée d'Ar gwener (e gwer) avec un accordéon magnifique ! Quel hymne ce morceau, un vrai bonheur, une beauté ignorée qui sied parfaitement à mes origines bretonnes dont ferait partie le fameux corsaire René Madec qui décèdera... d'une chute de cheval ! Une figure dans notre famille même si la parenté n'a jamais été vraiment prouvée mais on s'en fout. Si la légende le veut !...

Le premier morceau de ce disque s'appelle Dublin, et ça tombe bien car l'Irlande s'apprête à affronter les All Blacks ce soir dans ce qui va être un match mémorable à n'en point douter. Skorn en finnois signifie Mépriser. Je conseille fortement aux Verts de rester humbles face aux Noirs...

il est écrit tout en bas "Eviter la copie de ce disque ! Elle nous fait du tort". Mais non.

comme si on y était

Warboots, The complete studio collection ! (2002)

Un utopique concert de conjointement Dirty District et Warboots se serait terminé en boucherie c'est certain mais dans mon blog enchanté tout est possible. Vendredi soir c'est open bar et open mic, donc on se lâche. En même temps je ne vois pas bien ce qu'on pourrait reprocher à cet album teigneux certes, au look que certains jugeront agressif c'est entendu, mais il suffit d'écouter. Les tondus ont autant le droit de s'exprimer que les crêteux. Et lors d'un weekend de quart de finales de Coupe du monde de rugby comme celui qui se présente demain, il est bien naturel d'enfiler ses bottes de guerre, on va en avoir besoin. World Rugby et ses incohérences. Rien n'est jamais simple dans ce sport.

Warboots dans tout ça ? Le titre Bootboy "bootboy!! bootboy!!" met naturellement le feu au foudre, "la dégaine et la zik", tout est dit. Police est aussi un morceau de choix. La reprise Skinhead de Brutal Combat m'évitera la reprise de volée si jamais un jour d'errance je me prenais à poster le 45t d'origine acheté par correspondance chez RE à l'époque. Encore que. La reprise des Trotskids règle l'addition: Pas de voyous dans mon bar. 

Warboots, un album pour se chauffer et même pas giclé par Dundy sur Keponteam à l'époque ce qui est une référence.

 c'est la guerre, mec