dimanche 6 octobre 2024

Cérémonies, S/T 7" (1984)

On reste en 1984, on reste dans la coldwave, le temps gris et humide de ce dimanche s'y prête complètement. Lors de mon escapade à Paris le weekend dernier, j'ai bien entendu rendu une petite visite au Quartier Latin où j'ai bossé quelques années et à Crocodisc qui reste l'un de mes disquaires de prédilection à Paname. Je suis quasiment certain de ne jamais repartir les mains vides et souvent avec une belle trouvaille. Pour ceux qui l'ignorent, ils ont un petit carton de collectors derrière la caisse et quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'y ai découvert le 45t de Cérémonies. J'ai immédiatement pensé au super blog Bouloup dont l'auteur est un fan de la première heure, inconditionnel, le numéro Uno même, et mieux encore un de leurs fidèles amis. Il doit avoir publié la quasi intégralité de leur oeuvre et si ce 45t vous intéresse, vous ne manquerez pas d'aller faire un tour chez lui pour tout apprendre sur ce groupe et remplir le disque dur. Il est d'ailleurs remercié sur l'insert et j'ai découvert que nous avions des amis communs sur un réseau social. Amusant comme le monde (virtuel) est petit, hein. 
Cérémonies était suivi assidûment par une bande de jeunes auto-proclamée BSS Contingent (inspirés par le Bromley Contingent affiliés aux Sex Pistols), et dont le cri de guerre était.... Bouloup ! Voilà pour le clin d'oeil. Un grand merci à Bouloup de m'avoir fait découvrir Cérémonies.

Lorsque j'ai vu le single dans la boite chez Crocodisc, je n'ai pas trop réfléchi et j'ai pris direct et puis je l'ai vu encore, et encore... ils avaient au moins 5-6 copies du 45t ! J'ai inspecté chaque disque. Ils sont tous comme neufs et semblent n'avoir jamais tourné sur une platine. Les pochettes par contre ont un peu dégusté, à croupir, serrées dans le carton. Elles affichent les fameuses marques noires du vinyle, alors j'ai fait mon tri et pris la meilleure. 15 euros, quand même. Ceci dit, si je l'avais commandé sur discogs cela m'aurait coûté davantage. Bref, vous savez où vous procurer ce skeud désormais.
Le 45t est autoproduit, ils auraient bien aimé ajouter d'autres morceaux et faire un maxi mais le manque de moyen fut rédhibitoire. Les deux faces sont bien remplies, les titres font tous deux de plus de cinq minutes et cinq minutes de qualité. La new wave/cold wave à la française que j'adore et que le monde nous envie. 
Cérémonies était composé de Hervé "Gordon" Hénocq à la basse, Jean-Jacques "Piep" Frochtmann à la guitare, Franck Warocquier au chant + synthé, et Bruno Rivi (tambours et cymbales). Gordon et Piep sont malheureusement aujourd'hui décédés. Paix à leur âme. 

gargouille de la tour gauche de Notre-Dame




le zine Tropique du cancer n°9 (1984) s'entretient avec Cérémonies










samedi 5 octobre 2024

Les Provisoires, Loin de la plage LP (1984)

Il aura fallu une quinzaine d'années avant que ce disque ne se déplace de lui-même dans le bon hémisphère du cerveau. Avant d'accepter que ce chant guttural est bien à sa place et se fond dans l'électricité pesante, loin de la plage. Un soir ça a matché. C'est la musique, il faut être patient parfois avant de donner ou vendre ses disques à qui mieux mieux. Je ne le fais plus, je le regrette toujours et encore aujourd'hui lorsque je cherche un skeud pendant des heures et que je réalise subitement avant de devenir complètement dingue (pas plus tard qu'hier soir) que je l'ai filé à quelqu'un.  
Dans ce contexte je peux donc clairement affirmer que Loin de la plage est un survivant. Il faut dire que le single des Provisoires de 1982 Dis-moi, dis-moi, dis-moi m'avait complètement induit en erreur avec sa new wave catchy qui m'avait enthousiasmée un an auparavant. Le passage sur cet album à de la coldwave hargneuse m'avait bien enfumé. Impossible de sortir de l'épaisseur. J'en avais presqu'oublié que dans cet album figure un titre absolument monumental : Any cult ! Un morceau lancinant, absorbant, halluciné que je peux écouter 10 fois de suite en prenant mon pied à chaque tour de disque. Culte indeed. Si vous devez commencer par un morceau, c'est celui-là.

Loin de la plage est sorti sur le label au nom tout aussi culte : L'invitation au suicide. Pour aller dans le sens du nom, le label ne fit aucune promotion pour Les Provisoires, privilégiant les groupes anglais de son écurie. 
Et rien sur cet album n'est fait pour faciliter son accès. Un exemple caractéristique : la liste des morceaux ne se trouvent que sur le livret, au demeurant intellectuel et énigmatique. Même cette pochette est complètement démente et déroutante. 
La face A ne se termine jamais. Waiting for war tourne et tourne indéfiniment sur la platine. Celle que j'utilise pour numériser étant automatique le bras reste bloqué sur la plage et joue la musique jusqu'au bout de l'éternité, un locked groove musical (merci pour le terme technique, Dominique). J'ai édité le morceau afin qu'il fasse ses trois minutes mais cela aurait pu durer éternellement. Un album de dingo. 
J'avais aussi publié l'EP sorti un peu plus tard, en juin de la même année, Mother.

Dans un autre registre, j'adore ce groupe de Glasgow The Amazing Snakeheads qui tristement n'existe plus. Le chant de Dale Barclay était dans une voie très similaire à celle de Jean-Marc Queffélec des Provisoires : il balançait tout ce qu'il avait dans la voix ! Paix à ton âme Dale, décédé en 2018 à 32 ans d'une tumeur du cerveau. Saloperie. On avait eu un eye-contact pendant leur concert à Sneaky Pete's qui me revient à chaque écoute de leurs disques. OK, j'avais bien méfu ce soir-là mais cette complicité instinctive m'a vraiment marquée. 
Sneaky Pete's est une toute petite salle (un pub riquiqui avec une salle au fond en fait) et on est très proche des groupes (j'y avais vu des Français une fois, tiens ! En attendant Ana. Un très bon concert).




inspirés par The Smiths ?




vendredi 4 octobre 2024

Résilience S/T EP 7" (2023)

Une intro qui met dans le bain direct. Percutante, sombre mais euphorisante, on y va gaiement, dans le paquet ! Rien que pour elle j'ai acheté ce disque. Le reste est très bon mais plus conventionnel dans le style oi! des années 10-20. J'ai toujours préféré la oi! mid-tempo et cette rythmique est juste parfaite. Le braillard en charge n'abuse pas de la graveuse, il suit les codes à la lettre et sans majuscule et c'est tout à fait ce que je recherche dans la oi! Aucune originalité dans les textes, ici le bât blesserait si on devait chercher la petite bête. Ils vont bien avec le style évidemment mais aucun humour, à quand une nouvelle Infanterie Sauvage ? Jamais sans doute. Les ho-ho de Solitude sont terribles par contre. J'adore les ho-ho dans la oi!, je me répète sans doute. 
Ils viennent de sortir un premier album mais je n'ai pas encore eu le temps de m'y pencher vraiment, pas de déclic comme avec ce 45t à la première (rapide) écoute. A suivre.
Cet EP est sorti l'année dernière sur l'excellent label basque d'Eduard, Mendeku Diskak, qui nous avait offert Tachanka




la galette claret & blue

Nuclear Device, Western Electric LP (1987)

Retour des Manceaux Nuclear Device pour leur quatrième parution chez oim après 45 Révolutions par minute, Tonnerre à la Une ! et Morceaux choisis 1982-1989 : Western electric !  
Cet album est un peu spécial car il contient mon morceau préféré du groupe, La roue s'arrête, qui fait assurément partie de la playlist de ma mise en... bière. Les 2 ou 3 pèlerins qui, sur un malentendu, y assisteront ne seront pas déçus, il y a du lourd sur ma liste qui est loin d'être terminée. Cette journée sera longue, gaie et arrosée. Mais comme a dit le philosophe Thierry Roland un certain 12 juillet 1998: 
- ... on peut mourir tranquille, le plus tard possible, mais on peut. "
Pour ce deuxième album, les Sarthois ont envie d'un peu plus de subtilité, d'un petit côté littéraire et surtout de jouer des choses un petit peu plus... écrites. Je pense à Desperados, un texte que j'aime beaucoup. J'en suis assez fier parce que je trouve qu'il est encore d'actualité : jusqu'où tes idéaux vont-ils justifier certaines actions et quelle est la limite que tu te donnes dans l'action collective ? (Chris Maresco, le batteur, dans le bouquin 45 Révolutions par minute).
On trouve aussi trois adaptations, trois classiques dans leur genre : 5446 was my number de The Maytals découpé en deux parties, Rudy 5446 Studio 1 & 2, mais aussi Le Chant des partisans dans une belle version ska reggae et enfin Guantanamera la chanson patriotique cubaine issue du poème de  José Martí, et dont les crédits d'écriture du morceaux furent attribués officiellement à Joseíto Fernández en 1929. Encore de nos jours, tous les stades de foot anglais adaptent cet air en choeur à leur façon. 
J'ai suivi le verso de la pochette et laissé en un seul morceau Pretoria + dub alors que le label indique séparément deux pistes : Pretoria et Mandela mix. Cependant les deux sont tellement bien enchainés l'un à l'autre qu'il était imprudent et même juste inconcevable de les séparer. Pretoria est un super morceau de Charlu le bassiste, en réaction à la pendaison d'un membre de l'ANC
L'album est à nouveau produit par Kid Bravo qui gère aussi les arrangements de percus et de piano, enregistré par Patrick Woindrich au Studio WW, sorti par Bondage Records et distribué par New Rose. Une équipe classique sur le terrain, donc. 

pochette remarquable, une constante chez ND
50 francs (7.50 euros) 



commentaires instructifs sur quelques morceaux de l'album

jeudi 3 octobre 2024

Mopo Mogo, Allein LP (2010)

Didier Ruyer est Mopo Mogo (mélange de son surnom Momo avec pogo) et fut probablement le premier one man band keupon de France. Vosgien d'origine, il est punk depuis 1981, vit alors en Alsace à Colmar, et a 23 ans lorsqu'en 83 il sort son unique 45t Moi j'm'en fous ich bien allein, qui deviendra collector mais ça il ne le sait pas encore. J'ai écouté Pouvoir pour la première fois lorsque j'ai fait tourner Chaos en France volume n°2 et il ne m'avait pas fait fantasmer. Je n'ai donc jamais cherché à me procurer le single. Mais quand Euthanasie a sorti cet album en 2010 je me suis dit que c'était le moment pour découvrir ce fameux Mopo Mogo et même si je l'écoute rarement je ne le regrette pas. La formule a des limites évidentes au niveau musical et du chant, mais l'album ne manque toutefois pas d'intérêt. C'est même un vrai document, notamment la face B avec des morceaux en live joués comme il peut dans un froid sibérien avec des doigts gelés en janvier 83 au Caveau du Marcaire, à Munster. Momo reçoit également l'appui d'un ami, embauché pour faire les bruitages et les bruits d'animaux que l'on peut entendre au fil de la face. 
Je recommande la lecture de son entretien avec Jean-Marc Moratille alias Jolicoeur, qui figure sur l'insert mais que l'on trouve aussi en pdf en ligne. (Pour rappel Jean-Marc a joué notamment dans Coup d'Grizou). 
Les titres 1 et 2 ont été enregistrés au Studio 16 à Colmar en 1982, pour le 45t. Création fut enregistré en 83 dans le même studio par Didier sous l'alias Le Curé de la Lune. La seconde version de Pouvoir (V2) est une reprise de 2003 faites chez lui avec Raphaël un ami punk suisse, accompagné de cris de Nanda (?). Les morceaux de 5 à 10 sont enregistrés "brut" et proviennent donc du Caveau du Marcaire. Une curiosité punk. 



livret


mardi 1 octobre 2024

Les Imbibés, S/T 7" (1990)

Second 45 tours des Imbibés, groupe que l'on a déjà pu écouter sur deux compilations parues sur le blog: Underground Vol.1 (1988) et Teenage Rock'n'Roll from Blois (1989). Les Imbibés sont de Vendôme près de Blois : 3 ex-Töxik Jacques (chant, guitare), Pascal (guitare) et Philippe (basse),  plus Franck à la batterie et si j'en crois le livret (que je n'ai jamais eu mais pompé sur discogs), Daniel ex-Disturb au tambourin (et synthé a priori). L'écurie Ripost, quoi ! Ils se sont formés en 1987 sur la base de ces deux groupes pré-cités + Vatican Secte. Ils écumeront les bars de France afin de diffuser leur pop punk à la Boys, Clash, 999, Buzzcocks ou Undertones. 

Ce 45t découle d'une K7 démo intitulée Boule et Mick (1990) et ils devaient être sacrément imbibés au moment de signer le bon à tirer de la pochette puisque les titres prêtent à confusion : Boule et Mick deviendrait 100 à l'heure mais par contre sur le label du disque il s'agit bien de Boule et Mick, et même si on ne capte pas grand-chose aux paroles on décèle quand même une histoire de bouffe (boule et mick, tu l'as ? ) et rien à propos de vitesse si ce n'est que le morceau va effectivement à vive allure. Il fait un peu penser aux Sheriff je trouve, même si je ne suis en rien spécialiste des Sheriff dont je n'ai aucun disque. 
Ensuite... Chantier Reggae... moi je veux bien mais dans le fanzine Opus Incertum qui reprend les chroniques d'un autre zine plus connu, Le Dekapsuleur, le morceau sur la maquette s'appelle Danser Reggae ! D'ailleurs le zine Earthquake du 10 septembre 90 confirme que la cassette sera bien le second 45t. Comme je ne peux pas prouver que Chantier Reggae est en fait Danser Reggae, hé bien je vais laisser le bouzin en... chantier. Et maintenant je crois qu'après toutes ces explications tarabiscotées j'ai bien gagné le droit de m'imbiber à mon tour : je vais reprendre une bière.   



le livret (qualité pas terrible donc, si quelqu'un l'a..., au hasard, Dominique ?)




la K7 démo 2t vue chez Euthanasie