Fort du succès du premier album (succès marginal entendons-nous bien, on parle de 7000 copies vendues fin 1982 dans tout l'hexagone, ce qui n'est pourtant pas anodin pour un groupe parisiano-parisien), La Souris Déglinguée a encore des titres inédit dans son répertoire et entend bien diffuser sa bonne parole de la rue avec une deuxième fournée. A cette époque le punk français (enfin, parigot surtout) est plutôt intello et se montre au Palace. LSD eux ils évoquent la banlieue d'où ils viennent, la réalité, la zone, et leur fief c'est le Gibus. Ce qui aura un effet sur tous les jeunes qui ont commencé à écouter du punk en 77, les skins, les punks, les marginaux, les jeunes, tous ceux qui vivent la même chose sur le terrain. Banlieue rouge en est le symbole et ce n'est pas un secret que d'avouer que beaucoup de leurs premiers concerts sont émaillés de bastons même si Luc ou ses textes n'ont jamais incité à la violence. Le romantisme se terre dans les chansons mais tous les héros qu'il dépeint avec coeur ne sont après tout que des voyous.
La Souris Déglinguée quitte New Rose pour ce second album: Patrick Mathé ne peut pas leur donner les royalties qu'ils réclament et dans le même temps Jean-Bernard Raiteux chez qui ils ont enregistré le premier LP au studio Casanova propose d'aller voir son vieux pote... Daniel Guichard qui a sa propre maison de disque, Kuklos. Malgré le décalage culturel (!!), la rencontre se passe hyper bien et La Souris signe chez Kuklos. Denis Wolff produit à nouveau le disque et les sessions se font sans Tai-Luc qui est toujours à l'armée. Il enregistrera sa voix et ses parties de guitares à la première permission !
La Varsovienne est un chant anti-tsariste, souvent repris par les révolutionnaires espagnols, et La Souris joue la version slave (traditionnelle), aidés par un Russe et un Yougoslave, débauchés à coups de vodka. Le groupe embraye par un hommage rock'n'roll à la Banlieue rouge autrefois appelé Planète Marx. Allez les gars se veut plus viril et rassembleur de voyous et contraste avec la lenteur d'Une fille dans la rue dans laquelle Luc se fait éconduire sèchement. Et puis déboule le seul morceau un peu Oi! de LSD: En France, comme par hasard. Tai-Luc a écrit ce morceau alors qu'il était à Hong Kong. Ce morceau a bien sur été pris au premier degré par bon nombre alors qu'on ne peut vraiment pas taxer La Souris de nationalisme. J'avoue qu'en tant qu'immigré en Ecosse, je prends encore aujourd'hui un malin plaisir à l'écouter à fond la caisse et à me laisser aller à gueuler Vive la France! Une cause à rallier conclue l'album, texte idéaliste sur la solidarité qui est bien la seule cause qui vaille la peine, qu'on se le dise.
Grâce au circuit de distribution made in Guichard le disque atterrira dans... les supermarchés et ne touchera pas sa cible ! Tiens donc. Guichard en perte de vitesse et dans les emmerdes financières ne peut s'occuper du disque comme il faudrait et Kuklos mettra la clef sous la porte. LSD n'a donc pas dû toucher un rond sur ce disque, époque Kuklos. Le skeud sera repressé ensuite par Celluloid en 1987. J'ai les deux éditions d'ailleurs.
L'album m'a été offert par mon frère ainé, tout comme La Cité des anges d'ailleurs que je publierai probablement, donc j'y tiens beaucoup.
Leur dernier 45t en date est ici et en plus il y a toujours du bonus sur cette page, merci qui ? Merci Gaby. La solidarité n'est pas un vain mot mais bien une cause à rallier, absolument.
photo d'Olivier Claisse
pochette dépliable
textes