Lysa Gora, S/T CD (1997)

L'album démarre sur les chapeaux de roue avec une pop shoegaze décomplexée, dans le sillage sonique de Diabologum. Et pour cause, Lysa Gora viennent de Toulouse et sa région (L'été laisse suggérer le Lot pour être plus précis). 

Moins expérimentaux, moins cérébraux (tortueux) que leurs aînés, on ne sait trop sur quel pied danser entre coups de génie, ambiance potache et chansons un peu idiotes. Chloé est un exemple parfait: la rythmique de ce morceau est incandescente, fulgurante, imparable, face à un texte à la con qui narre les infortunes du pauvre greffier de Chloé dont tout le monde se fout. 

Les trois titres suivants, Moments perdus, Lassitude et Remords sont d'autant mieux trouvés comme titres que le groupe le temps de cette triplette de morceaux lo-fi me perd, me lasse un peu et me fait regretter qu'avec un peu plus de temps, de boulot ou de sérieux voire les trois, cet album aurait pu être magique. 

Paroles superficielles sur musique puissante, parfois sophistiquée (violon, synthé) telle est la voie choisie par Colin Pasquier et Renaud Palacin qui signent les morceaux du groupe également composé de Sébastien Nux et Stéphane. En fait ils se foutent bien de notre gueule et l'assument avec cynisme. J'adhère complètement. 

Région oblige, dans Ceux qu'on préfère, rugby à l'honneur avec mentions pour les stadistes Thomas Castaignède, Emile "Milou" Ntamack et le rival de Colomiers Jean-Luc Sadourny. Ensuite c'est le Tour de France et Miguel Indurain qui va encore gagner dans l'excellent l'Eté! Les filles en prennent aussi pour leur grade, entre l'une plus stupide qu'un chien et la petite copine alcoolique... La vie dans le Lot. 

Le groupe ne se prend pas au sérieux, on respire. Il n'empêche, je trouve qu'ils auraient mieux fait de bastonner tout le long de ce disque car ça leur réussit (me plaît) davantage et le batteur s'en donne parfois à coeur joie. Le chant décalé et nonchalant repoussera les amateurs des reality shows consacrés aux pseudo aspirants stars de la chanson ? Tant mieux, on ne veut pas d'eux et ce blog ne leur est pas destiné. 

  

Paradoxe final, le disque est sorti sur Z & Zoé le label d'Auch qui nous avaient offert le précieux 45t de Marie Antoinette. Un contraste avec cet album un peu foufou mais sympa, comme je les aime. Par moments irrésistible, même. 

C'est mon pote albigeois Clem qui a trainé ses guêtres estudiantines dans la Ville rose puis a vécu quelques années en Ecosse au cours desquelles il m'avait fait découvrir Lysa Gora. Et comme il est rentré au bercail depuis, pour devenir vigneron à Gaillac avec sa femme Clémence, j'en profite pour faire un peu de pub pour leur chouette vignoble, Le Domaine de la Petite Tuile. Si vous êtes dans la région passez faire un tour chez eux déguster et acheter leurs vins, délicieux à force d'amour, de respect de la biodiversité et de travail, leurs cépages gaillacois, Loin de l'Oeil, Mauzac, Braucol, Duras... 

une bien jolie jaquette

vestiges de La Petite Tuile à Edimbourg, of course