jeudi 13 février 2025

Mumbly, Démos 92-93. CD (2025)

La semaine dernière à l'occasion de la sortie de la réédition de La débauche des Freluquets, j'évoquais les plaisirs simples procurés par l'écoute de démos. Figurez-vous que l'été dernier j'ai eu le privilège d'en recevoir 10 d'un coup : des démos de Mumbly datant de 1992-93. Je ne peux imaginer avoir été l'unique beta testeur et je n'ai par bonheur pas été le seul élu non plus à déclarer ma flamme pour ces démos puisqu'aujourd'hui elles font figure de nouveautés dans les bacs (virtuels) de 2025 ! 

Les deux disques existants du groupe, alors composé d'Aurore Bacmann, Pierre Boucher de Crêvecoeur et l'auteur généreux de ce cadeau Michaël Korchia, ont été présentés sur ces pages il y a quelques temps : Being Ernest (1998) et Mumblybule (2013). Ce sera l'occasion d'y jeter une nouvelle oreille, surtout en ce qui concerne Being Ernest puisque trois morceaux de ce Démos 92-93 avaient été retravaillés sur cet album de 98 : Gold mineErnest, et Pink moon
Car si Being Ernest est leur premier album en 1998, Mumbly a été fondé bien avant, en 1991, par Michaël Korchia et Luc Barjot qui vont recruter le batteur Olivier Bickart. C'est donc dans l'univers du trio d'origine que ce disque de démos va nous plonger avec sa musique sans artifice enregistrée sur un 4-pistes K7 Fostex. Comme il s'agit d'une entrée de gamme, la mission était quasi impossible de remixer numériquement des enregistrements si cheap à la base et les bonifier idéalement. L'écoute et la découverte de ces petits diamants non polis n'en demeurent pas moins hyper excitantes. 

L'univers musical du groupe tourne à l'époque autour du Velvet Underground, Buzzcocks, The Feelies, Ride, Pale Saints ou Kid Pharaon, pour ne citer qu'eux. Du beau monde. C'est donc naturellement que le disque débute et s'achève par deux reprises : She's my best friend du Velvet parfaitement exécutée, et Livin' underground de Kid Pharaon & The Lonely Ones dont Luc était fan, qui m'a carrément laissé sur le cul lorsque je l'ai entendu pour la première fois au mois d'Août ! Je sais qu'il y a ici des supporters de Thierry Duvigneau et ce n'est pas souvent qu'on entend des covers d'un de ses morceaux. Alors profitez-en parce que they nailed it ! s'exclamerait-on en anglais. Mumbly signe une reprise géniale. 
Gold mine (ici le clip video) est un morceau largement inspiré par Felt, et on en retrouvera une version réenregistrée non seulement dans l'album Being Ernest mais aussi complètement transformée dans Curiosités ? de Watoo Watoo dont je parlerai sûrement cette année. Chez Ernest, titre également "feltien", c'est étrange, la ligne de texte "...when I listen to his voice, I know it's the right choice...", me fait immanquablement penser à celle de Karen de The Go-Betweens, "...she always makes the right choice..." ! 
En regardant quelques photos que diffuse parfois Michaël sur ses réseaux sociaux ou en écoutant ses musiques pop plus récentes on l'imagine plutôt propre sur lui, même jeune... Le son un peu crado et saturé à la Jesus & Mary Chain de The Midnight song offre une image plus rebelle du personnage. 
On retrouve aussi ce côté punk dans mon morceau de prédilection, I belong to the past enregistré en répétition avec un overdub de guitare, et qui peut facilement me mettre en transe à heure tardive ("c'était ma tentative de sonner Buzzcocks (pas certain d'avoir réussi mais c'était un morceau hyper amusant à jouer" confiait MK). Instrumental qui suit est tout aussi remarquable et prolonge agréablement l'effort pop punk.

Behind the strange mirror of hate "rappelle les rythmes fous des Feelies" dit le kit de presse, pas faux, et Pink moon poursuit dans des guitares noisy pop saturées qui seront également présentes dans Saint James Park, qui je devine n'est pas une ode à Newcastle United FC. Mais c'est pourtant ce club du nord de l'Angleterre qui me vient à l'esprit à l'évocation de ce nom. Peu importe, les supporters anglais adorent détourner les chansons à leur avantage et comme j'ai quelques potes Geordies, ça leur fera plaisir d'écouter ça. Et va savoir, peut-être deviendra t-il un hymne dans les tribunes ? (prononcé correctement cette fois : "Saint Djaimzize Park", hehe )
Pour finir, Mumbly est un trio sur le papier mais il faut compter sur l'apport des choeurs tout au long de l'album, qui finalisent parfaitement les morceaux : ceux de Fabienne (qui fut aussi brièvement guitariste du groupe) et de Pascale Ben Baruch (hé oui, la future Watoo Watoo était déjà là en 92). 
  
La sortie officielle de cette autoproduction sous l'étiquette toujours rigolote Les Disques Maladroits est prévue dans deux jours, le 15 février, sur toutes les plateformes. 
Un disque de fan à ranger soigneusement dans la niche du nostalgique. Ce n'est sûrement pas un hasard qu'I belong to the past a mes faveurs sur cet album. 
Je lance une bouteille à la mer : prochaine étape, Christine ? 

pochette superbe, toujours. 


1 commentaire:

  1. La reprise de Kid Pharaon est très chouette effectivement. bonne pêche ! Merci pour le lien vers l'original, j'ai dû le zapper mais c'est rattrapé :)

    RépondreSupprimer