vendredi 5 juillet 2024

Kapø Blöd, On sera là... LP (2019) + Kapø Blöd/King Cans, 1312. Split 7" (2017)

On reste à Bordeaux avec le meilleur groupe français de Oi! de ces toutes dernières années à mon avis : Kapø Blöd ! 
Dignes héritiers de Camera Silens tant par leur histoire que par leurs morceaux, le groupe tirera sa révérence l'année prochaine, secoué qu'il fut par la tragique disparition en 2020 de Yohan "Chicken" (31 ans) l'un des deux membres fondateurs. Kev'D son alter ego l'a annoncé cette année. Ils ne partiront pas sans sortir dans le courant de l'année 4 morceaux enregistrés l’an dernier : de vieilles chansons de la période Damaskins uniquement jouées en répètes et concerts à l’époque. Quelques concerts suivront la sortie de l'EP ainsi que quelques dates début 2025. Tout cela en hommage à Chicken et leurs 11 ans d'amitié et puis ce sera fini.
 
Kev le skin rencontre Chicken le punk en 2009 alors que ce dernier fait la manche avec son chien rue St-James à Bordeaux. Ce sera le début d'une fraternité rock'n'roll sans faille semée de rires et de galères. Le skin et le punk deviennent inséparables, comme quoi c'est possible même au 21ème siècle. Le "vivre ensemble" incarné, même si le leur est particulièrement agité il faut le reconnaitre. 
Ils montent un premier groupe en 2009 avec leur pote batteur Max "Sinok": Damaskins. Les morceaux Salaire de MisèreGénération Incontrôlée, Sans Avenir, Trop D'accumulation (sur l'album) ou encore J'nettoie la France et Drink'n'destroy (cf le split) datent de cette époque. Sinok les accompagnera jusqu'en 2015, avant de tracer sa propre route.
Les deux compères fondent alors Kapø Blöd en 2016 avec l'arrivée d'Artav, Armand et Mastraille, puis Lou, Pierro et Adri. 
Ils tournent beaucoup dans l'hexagone et finissent par placer deux morceaux sur un EP conjointement avec les Québécois King Cans chez Crom Records, label franco-espagnol.
Puis ils atteignent le sommet avec l'album On sera là... Cet album est une tuerie absolue qui ne comporte quasiment que des hymnes oi! Kapø Blöd est fortement influencé par les groupes des années 80 et cela ne pouvait donc que me botter. Le chant est viril juste ce qu'il faut et les compos tiennent vraiment la route. Elles sont l'oeuvre de Kev et Yohan, l'un s'inspirant du vécu de l'autre et vice-versa.  
Avant tout une bande de potes, le line-up à géométrie variable sur l'album est : Kev'D  (au chant), Lou (la guitariste), Mastraille (à la basse), Artav (le batteur), et Chicken (lead guitar).
L'album est co-produit par moults labels: Maloka, Trauma Social, Crom Records, General Strike, Kick Your Asso. 
Kapø Blöd, les amis ! Et c'est en téléchargement libre.

sobre mais classe



très belle pochette cet EP

couleurs Haar brut

jeudi 4 juillet 2024

Camera Silens, Réalité LP (1985)

Un de mes classiques chéris, qui ne fut pourtant pas un coup de foudre lorsque je l'ai fait tourner la première fois sur la platine. 
Acheté 56 francs (à peu près 8,50 euros) chez New Rose en 1986 pour le morceau Squat et son intro de basse géniale que j'étais parvenu à enregistrer sur une K7 pérave au cours d'une émission de radio FM, probablement Radio Trouble-Fête (Limoges) qui a grandement contribué à ma culture musicale. Ce fut un achat par opportunisme car en fait les morceaux de Camera Silens figurant sur les compilations Chaos Productions (Pour la gloire, Semaine rouge) étaient loin d'être dans mes charts punk perso. Mais j'étais là, il était là : trop beau, trop tentant. Tiens, je viens de regarder par curiosité son prix sur discogs : un type le vend 399 virgule 99 euros (encore un fomb qui se prend pour un hypermarché). Remarque, la boutique du site de Camera le met à 160... 
Autant leur acheter une des belles rééditions d'Euthanasie à 14 euros. 
Ce disque a près de 40 ans, et tout le monde l'a sûrement au minimum déjà sur ses disques durs. 
En fin de compte, ces années d'écoute me l'ont rendu indispensable. Autant pour la musique et ce son de guitare unique que pour les textes vraiment très sombres dans l'ensemble qui dépeignent leur vie marginale avec sincérité : squats, drogues, prison, alcool, violence certes mais aussi fêtes, délires, amitiés et unité. Je ne peux que recommander la lecture du bouquin incontournable initié par Patrick Scarzello Camera Silens par Camera Silens* et le livre du regretté Gilles Bertin Trente ans de cavale, ma vie de punk** qui sont des ouvrages que j'ai trouvé remarquables et prenants dans leur intégralité, que je relirai avec certainement un plaisir intact.

L'idée de monter un groupe ensemble germe courant 1981 dans la tête de Gilles Bertin et Benoit Destriau, très motivés à être punk et à faire peur aux gens*. Ils choisissent ensemble le nom du groupe qu'ils trouvent dans un livre sur la bande à Baader, Fraction Armée Rouge qui les fascine : Camera Silens, les cellules d'isolement sensoriel total destinées aux terroristes dans les prisons allemandes.
Ils connaissent Philippe Schneeberger depuis 1980 et comme celui-ci est un vrai musicien (il a une formation de batteur jazz et joue de la batterie depuis le début des années 70), Gilles et Benoit le débauchent, c'est le cas de le dire... Beaucoup trop car celui qu'ils appellent le Schné finira par fuir et disparaitre dans la nature avant que l'album Réalité ne le devienne... 
Gilles prend la basse et le chant, Benoit la guitare et chante également. Ils parviennent à "se dégotter" du matos (amplis etc.) - ce qui leur vaut une garde à vue et 6 mois de prison avec sursis -, composent comme ils peuvent et rapidement les premiers morceaux sont prêts.
Ils commencent à jouer en concert, toujours suivis par une cohorte d'ami(e)s fidèles principalement punks et squatteurs. Un following où qu'ils jouent, quasi à l'anglaise. En octobre 82 le groupe se voit convié par l'association Rockotone au festival Boulevards du rock qu'elle organise avec FR3. Camera Silens finit second derrière un groupe qui s'appelle Noirs Désirs, qui se désiste finalement suite à une querelle interne, et c'est notre trio de pieds nickelés qui récolte le prix prévu pour le nominé : l'enregistrement d'un album !   
Outre ce prix, l'accueil favorable du festival les conduit aussi vers l'enregistrement d'une maquette au studio Deltour à Toulouse. Quatre morceaux sont mis en boite: Suicide, Semaine rouge, Squat, et Camera Silens. Ils participent également aux deux compilations Chaos.

Cependant, un problème survient : Gilles se fait coffrer pour de bon cette fois à la prison de Gradignan, pour deux braquages de villas : 9 mois fermes en tout. Pendant son temps en zonzon, Eric Ferrer, ami d'enfance du Schné, le remplace à la basse, et Benoit a recruté le batteur des Brigades Bruno Cornet (car le Schné a bien rippé ses galoches de Bordeaux, traumatisé notamment par une agression liée à la drogue dont il a été victime collatérale et qui s'est fini de manière sanglante mais miraculeuse). Les autres n'entendront plus jamais parler de lui.  
Eté 84, Gilles sort de taule, laisse la basse à Eric et devient "hurleur en chef"** de Camera Silens. Le groupe peut enfin enregistrer le fameux album au studio du Manoir dans les Landes, en une quinzaine de jours. Le studio co-produit même l'album pour les frais de mix. Le disque ne sortira pourtant que 7 mois plus tard: le label orléanais Chaos Production qui est naturellement pressenti ne veut pas payer la SACEM, "c'est pas très punk"*, mais les musiciens y tiennent. Un mécène entre dans la ronde et allonge ce qu'il manque pour le sortir. Il ne reste plus qu'à le distribuer  et Camera Silens pensent à Patrick Mathé de New Rose qui leur fait généreusement signer un simple contrat de distribution avec une répartition des royalties à 50% de part et d'autre: une offre en or d'un passionné. 
Le premier tirage sera de 2500 copies et en tout jusqu'en 2007 le total atteindra 8500 exemplaires. Total qui sera décuplé par toutes les rééditions qui suivront en vinyle, en cd et même en picture disc. A ce jour le dernier repress date de 2022 et fut encore l'oeuvre d'Euthanasie.
Réalité mérite grandement son status de disque iconique du punk français. Un pan de vie. 
Le voici s'il y en a encore qui ne le connaissent pas !  


le polo Lacoste m'a toujours piqué les yeux



2-3 accessoires...

cf cette belle chronique du bouquin dans ce blog. (© photo Luc Akerbeltz)




mardi 2 juillet 2024

Carambolage, S/T EP 10" (2019)

Du groupe garage rennais Kaviar Special est né Carambolage. Alors que le bruxellois Rémi Peltier a rejoint Kaviar Special vers 2018 à la batterie, il montre ce qu'il écrit de son côté à ses acolytes Adrien Allio (basse), Bastien Bruneau-Lagache (clavier), Léo Beaulieu (guitare) et Vincent Henri (guitare). Ceux-ci adhèrent tout de suite au projet. Du garage les musiciens vont passer au synth punk pop façon années 80 et en découlera ce premier EP co-produit par les trois labels suivants: : Howlin Banana, Azbin Records et Musique d’Apéritif chez qui j'avais pris mon exemplaire 10" maintenant épuisé. 
Il existe plusieurs vidéos faciles à trouver en ligne qui illustrent parfaitement l'état d'esprit du groupe.

C'est le Gauche-droite un peu sombre sur lequel j'étais tombé en premier et qui m'avait bien botté. 
Hmm, "gauche, droite, carambolage" me fait penser à un truc très actuel, mais quoi... ?

pochette hideuse s'il en est...