mercredi 19 juin 2024

Garbage Collector, 1988 LP (1988) (2021)

Longwy, jadis grand pôle sidérurgique de l'Est de la France, a vu l’ensemble de ses usines disparaître dans les années 1980. L’annonce des plans de fermeture donna alors lieu à de très violentes émeutes dans la ville (1979 et 1984 notamment). De Longwy sur le blog on connaissait déjà les punks de No Class, mais ils ne furent les seuls héritiers de ce climat cataclysmique à fort taux de chômage : Garbage Collector est créé en 1987 et sera un groupe précurseur méconnu de la musique bruitiste française (la noise !). 
Bien trop en avance sur leur époque, en France en tout cas, Armelle (voix), David (percussions), Franck (voix, basse), Moh' (voix, guitare), Philippe (batterie) et Steph (voix, guitare) délivrent, hurlent, leur frustration de cette ville (vie) décomposée et montent un mur du son terrifiant, quasi martial et brut de solfège. Tout dans l'énergie, la spontanéité et sans aucune posture. Cette violence sonique assez rare est commentée ou chantée tour à tour par la voix claire d'Armelle ou les chants d'outre-tombe de ses comparses Franck, Moh' ou Steph.
Ambiance vraiment angoissante et sauvage dans ce seul album de Garbage Collector, méchamment irrespirable mais impossible d'en sortir. On reste sous hypnose, un album incroyable. Il aurait juste été intéressant d'avoir accès aux textes, car pas facile de tout comprendre dans ce tumulte avant-gardiste forcené. 
Peu importe, le disque sera plébiscité à l'étranger ! Par John Robb (ex journaliste de Sounds et chanteur post-punk DIY de The Membranes), la presse US et anglo-saxonne, Sonic Youth et Jello Biafra dont on aperçoit une demande écrite pour recevoir le disque sur la pochette intérieure de l'album. Les fanzines en France seront également nombreux à saluer la performance du groupe et lors de ses concerts déjantés. 
Pourtant, après cet album hargneux et essentiel, aux frontières de l'industriel et sorti chez les labels nancéens Permis de Construire et State of Mind, Garbage Collector ne livrera un CD EP qu'en 1993, quasiment posthume et puis plus rien.   
Je vous invite à lire une très bonne chronique dans le webzine Benzine écrite lors la réédition de cet album (2021) remasterisé par Replica, label de Metz, qui a travaillé avec Franck sur le nouveau master.
On retrouve par ailleurs Franck et David dans Tuscaloosa dont j'avais publié l'EP On a wire

welcome to Longwy
verso original vs. réédition

pochette intérieure

labels originaux v. réédition

3 commentaires:

  1. C'est vachement bien, je prends, imagine 21 juin 2024 matin il pleut comme vache qui pisse c'est aujourd'hui la fête de la musique, ce soir je vais au Jericho pour leur "jour le plus long", risque de s'écourter quoique reconnaissons le, c'est aussi la fête de la bière, qui va bien avec la pluie je trouve, j'aurais aimé plus de passages en françouze m'enfin, j'aime comme elle talk over la Armelle, les autres forcent un peu le trait guttural mais noyé ça passe ... une pensée pour Françoise en passant, comme elle, je préfère la structure et la mélodie, mais puisque ça me plait et c'est comme ça ... envoie les refs pour "dites j'ai" et le partage : Neubauten, SWELL MAAAPS, Rhys Chatham (qui se fait passer pour un artisse ça passe toujours mieux), the Fall parfois, albums solo de Burnel Euro Man, les jeunes de Pablo X plus dans un axe hypno Alan Vega, et ce dernier oeuf corse ... ah que bye bye

    RépondreSupprimer
  2. encore un que je ne connais que de nom.merci Malto! ça sonne bien ça

    RépondreSupprimer