Spurts, Caen '82 EP 7" (2010)

En 1980 à Hérouville-Saint-Clair, ville nouvelle dans la banlieue de Caen, Jean-Christophe écoute de la musique punk et se met à jouer de la guitare. À la sortie du collège, il branche Hervé "Mongolito" qui a un look rebelle et dont il a entendu dire qu'il débute à la basse alors qu'en fait il n'en a jamais touché une. Il recrute aussi Stéphane "Stiff" le petit agité du coin, parfait pour prendre le chant. Du haut de leurs 14-15 ans, ils forment Spurts, nom donné en référence au titre Love comes in spurts de Richard Hell and the Voidoids.
Au début le groupe est très instable, plusieurs batteurs se succèdent (dont Saturnin qui jouera ensuite de la basse dans le groupe oi! normand Elite), un second guitariste est aussi essayé. Finalement, Stiff et Mongolito sont trop destroy pour Jean-Christophe qui veut faire quelque chose de plus sérieux, de plus engagé politiquement à gauche. Il quitte le groupe en 1982 pour former un nouveau groupe punk, Fuckland (qu'on trouvera comme les Spurts sur la compile 13 Rock à Caen)
La formation finira par se fixer (au figuré) avec Philippe "Vodka" à la guitare et François "Kebra" à la batterie. Mongolito écrit les textes où la provocation rivalise avec l'humour. "Le look et l'attitude sont no futur, les concerts un peu trop destroy pour mériter ce nom. La glue et les autres substances testées n'arrangent rien. Malgré tout les Spurts sont présents devant leur public, dans les quelques endroits classiques de la région de Caen à l'époque : le lycée puis la MJC d'Hérouville-Saint-Clair le sépulcre à Caen. Stiff assure son rôle de meneur et devient la mascotte d'un public de punks, skins et rockeurs."
En novembre 82, ils auto-produisent un 45t avec les morceaux  Petit papa fasciste et Je suis fier de mon grand-père. Le jour de l'enregistrement au Melody Studio de Caen, Kebra est absent et il est remplacé au pied-levé par un pote de la première heure, Cocoloss, qui est batteur du groupe Mod les Neekties. 

Ils enregistrent trois autres morceaux, en plus des deux du single : Quatre conseils pour un suicide réussi, Bébé nazi, Je suis amoureux d'une pute. Les titres passent beaucoup sur la radio rock locale UHT et les fichiers que j'avais trouvés vers 2007 devaient venir d'un enregistrement K7 d'une émission de cette radio.

Heureusement Mémoire Neuve et Les Troubadours du Chaos ont eu l'idée géniale de les immortaliser en 2010 avec cette co-production pressée à 400 exemplaires. Pour cet article, je ne fais d'ailleurs que reprendre l'insert, qui fournit l'anecdote suivante : les trois inédits auraient pu figurer sur les compilations Chaos en France. La mère de Mongolito, de passage à Orléans, devait en profiter pour remettre la bande à l'équipe de Chaos Productions qui ne sera pas au rendez-vous. Ils laisseront un message demandant que la bande soit déposée à la boucherie du coin, mais elle préfère rentrer à Caen avec la bande.

Peu à peu Stiff se lasse de jouer la mascotte pour les uns et d'être pris à partie par les autres. En 1984 les Spurts se retrouvent donc sans chanteur sur la compilation U.H.T. 13 Rock à Caen et avec un guitariste en plus, nommé Taillepied. Voilà qui explique cet instrumental Rapsodie aux Spurts. 

Enfin, comme souvent cette époque, le service militaire finira de décimer le groupe.

Selon les archives de feu le site Droogies qui était une référence au début d'internet, "lors d'un collage d'affiche - pour le FN - Philippe, le skin du groupe sera abattu dans le sud par des opposants. Le bassiste restera bloqué sur un nuage rose après des vacances en Asie, le batteur partira pour les USA, et le chanteur raccrochera." Infos qui valent ce qu'elles valent mais Dom le gars de Droogies en connaissait un rayon. Il y a deux ans, le label Cameleon Records/VinylVidiVici Records réunira 5 des morceaux des Spurts sur un EP (2022), donc pour ceux qui ont raté ce 45t il y a une séance de rattrapage. L'EP, rapidement épuisé, a même été repressé sur vinyle rouge la même année.

l'insert

4 morceaux que j'adore. Irrésistibles !