La Souris Déglinguée, La cité des anges (1984)

En 1984 La Souris Déglinguée est déjà devenu une légende dans le milieu underground. Une légende sans tubes, donc une légende sans argent. En automne les attachés de presse de Celluloïd réalisent un exploit : ils convainquent les programmateurs de... Jacques Martin de laisser jouer LSD sur la scène de l'émission "Si j'ai bonne mémoire". Et si la mienne l'est je l'ai vu ce passage improbable à la télé dominicale ! Cela avait sûrement dû être spécifié dans le Télé 7 Jours de la semaine qu'achetaient mes parents...

Après tout, ils cherchent un public plus large et ce sera l'état d'esprit entourant ce 4ème album du groupe, un mini-LP enregistré au Studio Garage et qui se voudra plus diversifié. Dans le morceau La Cité des anges qui inaugure le disque, Tai-Luc est épaulé par une chanteuse japonaise vivant à Paname. Un de mes morceaux préférés de LSD. Vient ensuite un autre classique, le musclé et sublime Irina Blues (c'est la version enregistrée aux studios WW qui sera choisie) et puis l'emblématique International Fan Club, titre faisant référence à l'origine "à la troupe punkoïde qui trainait dans les concerts fin 70 début 80", expression popularisée par Wunderbach et récupérée par Tai-Luc. Rayer signifiant trainer, zoner, verbe peut-être d'origine manouche, et dont le périmètre principal se situait aux Halles autour de la fameuse Fontaine des Innocents. Le bel instrumental St Sauveur I clôture la face A. 

La face B démarre avec un morceau un peu jazzy avec piano et sax, agrémenté de claquettes, une idée d'Hervé Philippe le pote d'école du début, manager, tourneur, organisateur, producteur, l'homme à tout faire de la Souris, en hommage aux musiques noires : Soldats perdus, titre qui fait allusion à Cambouis de Wunderbach, qui rejoindra LSD à la batterie plus tard. Dans le bouquin de chez Camion banc, Luc explique que ce disque est "vraiment le disque d'Hervé qui s'il ne jouait pas d'instruments avait des idées sur la musique". Le morceau suivant, le lent et émouvant Nostalgique a été écrit à Pékin dans la salle de bain des étudiants boursiers de l'université. St Sauveur II évoque les premiers tondus de Paris (notamment Bruno "Fait en France") et conclut le disque en apothéose. 

La Souris joue aussi une reprise du Velvet There she goes again (chantée par Sylvain), qui finalement ne figurera que dans International Raya Fan Club Sélection 82-84. Je posterai ce disque que j'ai en lp et en cd.

La cité des anges sort en décembre et le mix ainsi que la production sont excellents au contraire du précédent (Aujourd'hui et demain...) Les critiques sont également bonnes (Best, Rock & Folk) sans que les ventes ne suivent pour autant, la faute sans doute à une promotion inexistante de la part de Celluloïd malgré l'adoucissement du niveau sonore de la musique. Il signifiera le départ d'Hervé, alors en porte-à-faux car aussi employé chez Celluloïd. L'album le plus radiophonique de La Souris Déglinguée sera un nouvel échec commercial. 

Encore un album qui m'a été offert par mon frère ainé. Par contre il n'a jamais eu la pochette intérieure avec les dessins et les textes, dont j'ai très longtemps ignoré jusqu'à l'existence, et que j'ai ajouté au fichier (la photo vient de chez Discogs). La Souris a longtemps eu un super site officiel avec plein d'infos, plein d'anecdotes, un abécédaire, un forum, tout a depuis disparu et ça manque. Mais je comprends que ça devait être une rente de payer le serveur etc.

Un des albums, encore un, auquel je tiens le plus.

l'insert (immense merci Dominique pour ces scans parfaits ! )