L'Infanterie Sauvage est d'abord le fruit de la rencontre au collège de Mennecy dans l'Essonne de Géno (chant), Arno (basse) et Félus (batterie) vers 1978. Puis, au lycée à Corbeil-Essonne ils décident de monter un groupe. Après un premier essai avec un gars qui sait jouer de la guitare (Philippe), ils recrutent finalement Mourad dont le jeu de gratte correspond parfaitement à l'esprit punk qu'ils recherchent. Le groupe est formé en janvier 1982 et ils l'appellent d'abord The Wild X-mas Infantry puis écourtent le nom et le francise car Géno qui chante d'abord en anglais se met à écrire ses textes en français, ce sera donc L'Infanterie Sauvage, un groupe composé d'amis fidèles emmené par le déconneur Jean-Christophe Mâm dit Géno et suivi par des amis non moins fidèles. Le garage chez sa mère, lieu de rencontre et de répétitions, est souvent bondé.
Au début des années 80 à Paris, les skins faf montent en puissance dans la rue mais aussi dans les gigs et les contacts physiques deviennent récurrents. L'Infanterie Sauvage ne fait pas exception et les neusks commencent donc à débouler à leurs concerts et à foutre la merde non seulement dans les salles à se fritter avec l'assistance mais aussi au sein du groupe : Géno, keupon maigrichon à lunettes, à moitié cambodgien par son père (qui est parti officiellement du foyer familial), un peu perdu dans son désoeuvrement (il ne va plus du tout en cours), semble fasciné par les têtes rasées depuis un petit moment et a adopté petit à petit leur look et finalement leurs idées nationalistes, histoire peut-être d'enterrer son côté asiatique dont il ne parle jamais. Le morceau J'irai revoir ma Normandie (qu'on ne trouve que dans leurs K7 démos) reste pourtant le seul texte à connotation patriotique qu'il ait écrit pour le groupe, sans que les autres membres n'y prêtent vraiment attention. C'est d'ailleurs tout le trip natio en général qui est un peu en roue libre à cette époque.
Les saluts nazis qui sont brandis de plus en plus dans leurs concerts ont raison notamment de Mourad, l'Arménien, qui pose sa guitare de rage et arrête de jouer au milieu du concert de Juvisy-sur-Orge le 9 juin 1984, prêt à en découdre, et qui reproche à Géno de laisser faire "ses nouveaux amis": le groupe est ainsi brutalement terminé et les chemins vont se séparer irrémédiablement. Impensable pour le groupe de continuer sans son chanteur charismatique.
Je fais volontairement un raccourci car l'histoire de L'Infanterie Sauvage est parfaitement détaillée chez Euthanasie et dans les inserts des diverses productions qui sont sorties a posteriori, notamment celles officielles et récentes d'UVPR (2014) et de Dirty Punk (2018). Le concert de Juvisy est aussi sorti en vinyle chez Spirit of the Streets Records (2015).
L'histoire de Géno est en podcast sur Radio-France, réalisé par Philippe Roizès et je vous invite chaudement à écouter ce documentaire.
A la même époque mais loin du tumulte puisque je ne vivais plus à Paris, j'ai entendu L'Infanterie Sauvage pour la première fois sur la radio libre RTF et son émission Orange mécanique que j'ai déjà toutes deux mentionnées ici plusieurs fois: il s'agissait de Je pense à la Russie : une claque terrible ! Et ce nom de groupe, pareil: grosse quecla ! Tout le 45t est joué dans l'émission et je l'enregistre sur une K7 avec mon poste Radiola. Je tombe raide dingue de musique Oi! ce jour-là puisqu'elle est décrite telle quelle. Et de la voix de Géno. Les titres s'enchainent, et ils sont tous plus bons et entêtants les uns que les autres avec des textes working class qui me plaisent bien. Chansons à boire entre à jamais dans mon panthéon musical.
Le disque est enregistré au studio Bob Mathieu* qui enregistrera aussi le premier 45 d'R.A.S. (ce sont eux qui fileront le tuyau à L'Infanterie) et 1100 exemplaires sortent chez Fomb le label créé par R.A.S. dont c'est la troisième production. (Pas mal resteront dans une malle chez la mère de Géno qui les donnera aux membres du groupe après le décès accidentel de son fils en 1986.)
*ex-batteur des Lionceaux, ancien groupe de... Herbert Léonard!
l'originale martyrisée. Oï !
photos du groupe avec aussi Eric Liszt (Colditz, Les Garçons Bouchers), Eric Dagorn (Hanky Panky, Flitox), Michel "Ti'Mich" Carval (Collabos), Gaz (R.A.S., Kromozom 4, Les Gros Fombs), Nicolas (R.A.S.), Ricket (Colditz), les membres de "Békawesse" (BKS un "side-project" de Géno) et les amis du groupe (Tam, qui témoigne dans le documentaire par ex) et Bob Mathieu
Merci pour les covers de ce groupe mythique.
RépondreSupprimerb.bebe
Ah merci, avec La Souris et "oi oi that's yer lot" c'est mon entrée vers le son brut (quoique les compiles chaos product c'est déjà ça pour la plupart, ou le premier Clash). C'est la compile "First Sonic World War" qui m'a fait découvrir ce groupe à l'époque avec le fameux morceau "les poings levés" ... et je vois qu'il y a un hommage aux suisses de Diskolokaust, si tu veux j'ai du mp3 d'eux (posthume avec un son demo live).
RépondreSupprimerde rien, pour Diskolokaust, je penche plutôt pour une coïncidence avec Discolokosst mais va savoir. Des Suisses j'ai déjà le 12" de 2007 (enregistré en 1980) en fichiers .ogg. Si tu as autre chose, pourquoi pas...
SupprimerPas mieux mais en 320.
RépondreSupprimerb.bebe
groupe que j'ai connu sur le tard comme RAS d'ailleurs .j'aime bien malgré que je n'ai pas le côté nostalgique donc c'est plutôt bon signe
RépondreSupprimerEt voilà l'travail :
RépondreSupprimerhttps://pixeldrain.com/#
... j'ai choppé ça sur je ne sais quel site il y a des années, il me semble que ce sont, à part le court live, des démos qui n'ont jamais été distribuées.
... euh ... je m'ai gourré, essayez plutôt çui là :
RépondreSupprimerhttps://pixeldrain.com/u/rnopykVy
c'est celui que j'ai, mais merci pour les autres ;-)
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