Sinaïve, Répétition. Mini-album CD (2023)

L'un des meilleurs disques de 2023, carrément. A l'ouverture de ce mini-album on pénètre à vitesse métronomique dans un tunnel pour un voyage qui ne laissera pas indemne. Je n'en suis toujours pas sorti. Il y règne une atmosphère à la Yo La Tengo dans ce mini-album : la longueur des morceaux, toujours atmosphériques, leur force irrésistible qui a la manie de me scotcher systématiquement. 

Sinaïve est un groupe de Strasbourg composé sur ce disque de Calvin Keller, l'orchestrateur en chef (voix, guitares, musique, texte), sa copine colombienne Alicia Lovich (batterie, claviers, voix), et Alaoui O, le premier bassiste avec lequel Calvin a fondé le groupe en 2017. 

Produit par Sinaïve & La Compagnie Rodolphe Burger, Ingénieur du son Simon Burger.  

Enregistré au studio Klein Leberau à Sainte-Marie-aux-Mines du 18 au 21 mars 2022 et du 13 au 16 mai 2022. Mixé par Simon au studio Klein Lebereau puis par Calvin & Alicia à Faubourg National MB. Masterisé par Jean-Sébastien Mazzero (Chemin de L'Étang Incorporé). 

Musiques et textes par Calvin Keller - sauf "Bis Repetita" par Keller/Lakhnati/Lovich, piano additionnel à quatre mains sur "La Straßburg" & "Bis Repetita", et ARP Omni sur "Parasite" par Calvin & Alicia. Chœurs additionnels sur "Les Diaboliques" et "Cela ne fait que commencer" par Raphaëlle Albane.

Je leur devais d'ajouter tous les crédits parce qu'ils ont signé un disque assez prodigieux. Un coup de maître aussi du label de Renaud Sachet Antimatière qui réouvre avec brillance son compteur fermé depuis 2002 ! Renaud suit Sinaïve depuis un moment et comme je suis Renaud, le groupe est entré dans mon collimateur depuis le formidable Tabula rasa. Son label/zine Langue Pendue leur a sorti une K7 en 2021, Reprise party (voir plus bas), une suite de covers comme son nom le suggère. Excellent entretien sur le webzine La Vague Parallèle qui vous fera connaître ces Alsaciens et Colombienne. 

J'ai aussi leur Super 45t., mais je ne pouvais procéder autrement que de débuter par leur dernière production qui est dantesque.  

Un petit chef-d'oeuvre dont le cd pressé à 100 exemplaires est épuisé. 

l'entrée...

dans le tunnel

Reprise party en prix libre, bande de veinards

Kidnap, Il faudra bien qu'un jour tout change V/A LP (2010)

Pourquoi faut-il toujours qu'un con commande, que ce soit dans ce squat ou dans un pays ?
Il faudra bien qu'un jour tout cela change, que chacun se respecte sans allergie.

Il faudra bien... enquillé par Sympas les gros bras, Kidnap envoie du lourd, de l'entrainant, du son qui donne bien envie de se lâcher. Les paroles du premier morceau (que je cite, le troisième du disque) sont tout simplement mythiques, j'en conseille la lecture au moment de l'écoute et celles du second, si l'on parvient à pécho des bribes ici et là évoquent les videurs avec qui on a tous eu maille à partir une nuit ou un matin. Le tempo est bien péchu comme toujours en pareil colloque. Ces deux morceaux c'est simple, c'est le punk français à son apogée. 

Cette compilation d'Euthanasie qui date de 2010 reprend le visuel du premier 45t de Kidnap (1983) et ses chansons en première face. En B-side les titres sont issus de compilations, excepté Révolution*.

Kidnap fut l'un des fleurons du punk français du début des années 80. Pas loin de l'or même, aux Punklympiques, c'est salement propre. 

De l'écurie Chaos Productions ne sortaient pas que des bourrins même si ces derniers ont ma préférence. Il faudrait redéfinir le terme car le bourrin de l'un est sûrement l'étalon de l'autre. 

Bref, on se le dit encore aujourd'hui : il faudra bien qu'un jour tout change. 

*B1 from V/A "Welcome To 1984" LP, B2 from V/A "Chaos En France Vol. 2" LP, B3 from V/A "Ripost Compilation" EP, B4 from V/A "France Profonde Vol. 1" LP, B5 unreleased from EP session.

inserts

emblématiques labels

Dogs, The legendary lovers demos LP (2024)

J'adore écouter les démos, ces morceaux pas encore polis par des productions pas toujours judicieuses, donc lorsque j'ai découvert le mois dernier cette sortie du label Reminder Records, je n'avais qu'une hâte : écouter la démo de Be my lover qui est un de mes titres préférés des Dogs. Aussitôt repéré aussitôt acheté, l'acquisition rapide fut facilitée par la popularité confidentielle certes, mais réelle, des Dogs chez les disquaires britanniques. 

Le label de Brooklyn remet donc le couvert avec les Normands, après avoir publié The Melodies Massacre years l'année dernière (juin 2023), qui compilait les premières sorties des jeunes Dogs (1977-78) : le 45t Charlie was a good boy et le maxi Go where you want to go, des originaux pas vraiment donnés de nos jours. D'où l'intérêt de ce disque qui était déjà inespéré, sorti entièrement et officiellement sous licence Melodies Massacre, comprenant des notes du fondateur et gourou rouennais Lionel Herrmani. 

En 2024 c'est donc au tour du quatrième album du groupe, Legendary lovers (1983), de se refaire une beauté... mais sans fard ! 

Notons la présence du titre éponyme qui ne figure pas sur l'album original (uniquement en bonus dans des rééditions cd de 1992 et 1994) et que le producteur Vic Maile (Dr Feelgood, Inmates, Motörhead, Groovies...) relégua en face B du single M.A.U.R.E.E.N. selon Robin Wills et Bruno Lecoeur qui signent le texte sur la pochette intérieure. Si j'en crois la lecture de Too much class... de Catherine Laboubée, il s'agit plutôt "d'un stratagème de Dominique, d'après des sources bien informées, qui trouvait que sa coloration musicale n'était pas cohérente avec celle de l'album, et qui avait trouvé plus amusant de l'isoler...".(Hugues confirmera page suivante)

I just can't get you off my mind est inédit si je ne m'abuse, et par contre la démo du morceau Never come back qui fut entièrement écrit et composé en studio manque curieusement à l'appel (celle de la reprise de Gene Vincent Bird doggin' écrite par Kathe Collley aussi, mais cela semble plus logique).  

Excellente initiative cet album. Pour les fans.

en mini-poster et en clin d'oeil, la photo qui a servi de pochette (ratée!) pour "Live at home" (Records Store Day 2024 - Deviation Records)

les 2 Dogs de Reminder Records

Piero, Démissionnaire EP CD (2004)

Passons vite à autre registre, plus conforme à mes goûts. 
L'ami Piero. 

Pour cet EP enregistré sur 4 pistes K7, il s'est sûrement dit: "je vais envoyer dans le son le muscle que je n'ai pas dans la voix". Tout le monde n'a pas l'organe de Stuart Staples des Tindersticks, moi le premier. 

Son premier maxi 6t est plutôt un disque parfait pour un dimanche un peu lent, Disposition démissionnaire (quel titre) qui ouvre l'EP se joue davantage en semaine au top de sa forme. Le son noisy est bien agressif limite hardcore mais quelques coudées plus tard qu'on se rassure on peut calmer le jeu. Le naturel revient au trot au second morceau, pop à souhait, habillé d’accords tout droit importés du Brésil. Le troisième titre Gastéropode est une véritable bombe folk dans la lignée des morceaux les plus inspirés de Radiohead se finissant dans la rage d’en finir avec ce gastéropode. (Gpoint en 2005)
L'allusion à Radiohead pour Gastéropode est tout à fait pertinente et Piero nous gratifie d'un final d'une furiosité surprenante. Une vidéo de No Fan issu de Malséance conclue le disque. 
Peter Woodwind comme tous les gens de Super Apes sont des missionnaires.

V/A, Rock latitude LP (1989)

Dans la série des disques achetés que je n'écoute jamais : Rock Latitude. Une compilation de groupes marseillais que j'avais acheté au pif lors de mon second et bref passage dans la citée phocéenne. J'adore les compiles locales mais j'avoue qu'à part les presque 7 minutes d'Hypertension qui narrent la chute du mur de Berlin et que je trouve plutôt sympas, voici une des compiles les plus faib... moins bonnes que j'ai en ma possession. Pas techniquement bien sûr, les groupes assurent dans leur genre, jazz funk soul varièt', mais ce qu'ils jouent ne me procure aucun émoi particulier. Bon, comme tous les goûts sont dans la nature, cela plaira sans doute à d'autres et c'est tant mieux. On ne pourra pas reprocher à Haar brut son manque de diversité (et de bravoure aussi, hé hé). Après tout, j'ai créé ce blog pour mettre tous mes disques en ligne. Enfin pas tous, je m'comprends. 

Au verso de la pochette on peut lire: Entièrement réalisé par des jeunes musiciens amateurs des 15ème et 16ème arrondissements ce disque confirmerait si nécessaire, que la musique reste un outil de communication irremplaçable. Ce 33 tours est un des paris (ndla: "Paris !!") que l'on est heureux d'avoir osé... (Pascal Posado, maire des deux arrondissements concernés.) 

Les morceaux sont tous enregistrés live en juin 88 par Studio Cactus.  

compile marseillaise et carte du Mexique, rock latitude ?

Serpent, By crossing the plain LP (2017)

J'aime bien cette mini-chronique : "Imaginez un croisement entre Wire, les Buzzcocks période excitante et un Pavement qui aurait cessé d’être chiant le tout sonnant totalement 2017."
B. Tappaz, voixdegaragegrenoble.blogspot.fr

Peter Woodwind m'avait généreusement offert cet album de Serpent lors d'une commande et j'avoue que la première écourte fut brève ! Inaudible. Et jamais entendu parler de ce groupe brestois composé de Ludo Jospin (voix/guitare/synthé), Jp Emmanuelli (guitare/synthé/voix), Laurent Marchais (batterie/guitare/voix).  

J'en ai remis une couche il y a peu de temps et toujours rien à faire, et puis ce soir je le choisis je ne sais pas pourquoi, pour succéder à la toujours excellente compile cd Best of  de Sandy, le frère de la meilleure amie de malta qui est pompier à l'aéroport d'Inverness, autant dire qu'il ne fout pas grand-chose à part écouter de la musique, et là... Hoho, c'est bien ça ! 

C'est fou comme d'un jour à l'autre, à l'humeur, un disque soudain te prend. 

- Je ne comprends pas *

Et je m'en contrefiche.  Je cherche encore les Buzzcocks mais Wire et Pavement pourquoi pas. Whatever,... super album que je me passe en boucle ce soir avec ses riffs inclassables. On peut dire qu'il aura serpenté lentement jusqu'à mon cerveau celui-là, pour finalement exploser comme un vrai feu d'artifices. Une déflagration spectaculaire et révélatrice.

Summer's goin' on !

 

Merci Piero, merci Super Apes.

* Rufus, Amélie Poulain

Passion Fodder, Luz blanca (Spoons mix) EP 12" (UK version) (1987)

La sortie british en 1987 de l'EP Luz blanca (Spoon mix) chez Beggars Banquet (Barclay pour la France en 1986 avec deux titres différents en face B). Le maxi supporte la sortie de l'album Fat tuesday dont une version limitée à un seul disque (et moins de morceaux) sera diffusée en Grande-Bretagne (contrairement au double vinyle français), que logiquement je publierai un Mardi gras... 

Passion Fodder fondé en 1985 selon son site (en automne 1984 selon lui dans une interview du fanzine Psychédélires n°6) sur les cendres d'Orchestre Rouge par Theo Hakola lorsqu'il signe chez Barclay/Polygram. Il a recruté pour l'épauler Bénédicte Villain (violon), Lionel Dollet (guitare), Pascal Humbert (basse, ex-Tanit) et Nicolas Magat (batterie). 

Folk rock reconnaissable entre tous. J'avais un jour découvert Fat tuesday à la discothèque de prêt de Beaubreuil (banlieue de Limoges) et je l'avais copié sur K7, séduit par son côté atypique et poétique. 

Textes tantôt lyriques, souvent barrés et souvent politiques (le pamphlet Dirt anti-collabos est à écouter soigneusement) et musique inspirée par le blues country rock punk 77 américain. Du roots, joué par un groupe profondément humain, comme ils se définissaient eux-mêmes. Bref, vous connaissez. 

Note: les deux titres en face b s'enchainent sur l'EP (comme sur l'album du reste) mais je me suis permis de les distinguer. "Faute" avouée à moitié pardonnée comme on dit...

pochette du peintre Ricardo Mosner, comme de coutume avec Theo Hakola

Les Daltons, Objet ancien (2016)

Impossible de me rappeler comment je suis tombé sur cet album mais peu importe, ce fut mon album de 2016 et l'un de ceux que je fais tourner allègrement depuis. Il est vrai que lorsqu'on commande un disque et qu'à l'arrivée le colis contient non seulement le vinyle, non seulement le cd promo en bonus gratos, mais aussi une petite missive bien sympathique du guitariste (Serdar) qui connait Edimbourg et me joint le cd car il contient deux morceaux supplémentaires, le groupe gravit inconsciemment un échelon de plus sur mon échelle de considération....

Mais le disque si je l'ai acheté c'est pour les morceaux qu'il délivre soyons clairs. Pas de besoin de lettre pour comprendre qu'Objet ancien c'est du lourd. Rien à voir avec le 1er 45t punk rock'n'roll Tagada tagada, voilà... de 1984 (que j'ai d'ailleurs). Aucune idée de ce qu'il s'est passé pour Les Daltons entre 1984 et 2016, sûrement trouvable en ligne, c'est dimanche soir je poste sur le vif, au moment où je l'écoute, donc pas de recherche, mais le tandem Patrick Williams - Serdar Gündüz fut un sacré un bol d'air. Je l'ai écouté en boucle pendant des jours ce dixe. Des guitares puissantes et un chant, un parler plutôt, à la hauteur des espérances, intelligent, drôle, you name it. Tout est bon dans cet album des Daltons. JB KiwiBoy (basse) et Constant Pop (batterie) assurent grave aussi. 

Ben, l'un des deux morceaux en plus du cd est d'une classe incroyable. Un hommage assez grandiose à un pote à eux j'imagine. En tout cas je plonge dans cette nécro qu'on aimerait pour soi-même. A écouter et réécouter. 

D'accord en conclusion du cd. Tout est dit. 

visuels de premier ordre

objet compact. Merci Serdar ! 

rien à voir avec la lettre, je soupçonne juste Serdar d'être un génie de la gratte 

Camera Silens, S/T LP (2011)

Je vais la faire courte parce que Camera Silens, on ne les présente plus. 

Encore un disque magnifique de David 1904 Berrué. J'écoutais son intervention sur Des poches sous les yeux et ses explications sur l'arrêt brutal (pour nous) d'Euthanasie Records cet après-midi. Bien dommage, il ne me restait plus qu'à convoquer un meeting de crise avec mes glaouies mais elles se sont faites porter pâles encore une fois les garces. Haar brut le label, pas pour demain. Par contre dans un registre tout neuf, Contrecultours, oui ! 

Enregistrements de 1982-83 en première face de ce skeud avec les premiers éléments de Camera, et en 2000 pour la face B, Camera Silens après Gilles et Philippe, tout aussi immense, il n'y a qu'un Camera Silens.

2000 fut l'occasion d'une furtive reformation pour l'enregistrement de ces trois morceaux, à l'occasion de la réédition cd de Rien qu'en trainant qui sortira trois ans plus tard chez Euthanasie.

A1 : Enregistré au studio du Manoir à Léon en 1983 

A2 to A4 : Enregistrés à Toulouse en décembre 1982

B1 to B4 : Enregistrés à Bordeaux en 2000

Le repress (voir ci-dessous) est à 30 euros dans la boutique officielle de Camera Silens.

La pochette noire sérigraphiée (500ex) s'est abîmée assez facilement avec les ans et sûrement mon peu de soin donc j'ai légèrement joué avec mon app gratos pour éliminer les usures sur les bords. Le rip est l'original. 

sublime pochette sérigraphiée (pas mécontent de ces 23èmes et 17èmes clichés pour obtenir une photo potable)

insert

le repress de 2016. Pas pu m'empêcher de le pécho à sa sortie. Une pochette d'une simplicité classieuse

les indispensables, les must-read.